INTERVIEW · Nolwenn · Attachée de presse à Banzai Lab

Nolwenn, attachée de presse chez Banzai Lab

Le Rayon te propose de partir à la rencontre des passioné·e·s qui font vivre la musique en Nouvelle-Aquitaine. Entre circuit-court, développement de projets artistiques locaux et promotion des talents de la région, on t’invite à prendre le café avec les pros du microsillon.

Aujourd’hui Le Rayon te présente Nolwenn, attachée de presse auprès du label associatif Banzai Lab, situé à Bordeaux. Ce label soutient, favorise le développement et accompagne les artistes dans leurs démarches professionnelles afin qu’ils puissent consacrer leur énergie et leur talent à créer.

En lien direct avec les artistes, Nolwenn se charge de promouvoir leurs albums, singles ou autres événements à venir. Dans cette interview, elle te livre tous ses conseils et expériences sur son métier.

Découvrez les vidéos ci-dessous :

INTERVIEW · Anne · Organisatrice du festival Égale à égal

Festival Égale à égal, pour l’égalité femme homme dans les arts et la culture

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Aujourd’hui Le Rayon te présente Anne, l’une des fondatrices et organisatrices du festival Egale à égal. Un évènement culturel de Poitiers dont le but est de mettre en avant les femmes dans les arts et la culture et de palier les inégalités femmes hommes.

Cette année, retrouvez le festival itinérant du 9 Novembre au 10 Décembre dans Poitiers et le Grand-Poitiers.

Salut Anne, est-ce que tu peux te présenter ?

Je suis Anne Morel Van Hyfte, directrice artistique de la Cie Sans Titre et coordinatrice et fondatrice du festival Égale à égal.

Peux-tu nous expliquer ce qu’est le festival Égale à égal ? Les valeurs ? Le message transmis ?

Et bien les valeurs du festival, c’est défendre l’égalité et contribuer à réduire les inégalités femmes-hommes, notamment dans les métiers des arts et de la culture et permettre une visibilité des femmes sur la scène mais je dirais sur la scène du monde, dans l’espace public et politique.

Comment est née l’envie de créer ce festival ?

C’est l’association Mouvement HF, Égalité Femmes Hommes dans les métiers des arts et de la culture qui est née en 2009 à Poitiers. Cette association est basée en Nouvelle-Aquitaine mais c’est aussi un mouvement inter-régional. On s’est dit « quel outil va-t-on déployer pour réduire les inégalités ? ». Alors, on a déployé ce festival.

> Découvrez mouvement HF

Le Rayon du RIM Nouvelle-Aquitaine festival égale à égal

Le Rayon du RIM Nouvelle-Aquitaine festival égale à égal

Pourquoi faire un festival itinérant plutôt qu’un festival dans un seul lieu ?

C’est la nature même du festival. La programmation du festival s’appuie sur des structures qui accueillent des projets artistiques dans leurs lieux. Le festival se déplace dans ces structures.

Qui compose votre équipe à l’année et lors du festival ? Faites vous appel à des bénévoles ?

Oui, pendant le festival on a des bénévoles. Mais il n’y a pas d’équipe à l’année. Il y a une équipe qui se mobilise (communication, la coordination…) au moment du festival autour de la Cie Sans Titre (dont je fais partie). Au total il doit y avoir 8 personnes.

Comment a t-il été accueilli ? Par les autres festivals du territoire, partenaires, … ?

Le festival a d’abord été accueilli avec un peu d’indifférence et puis on a réussi à s’imposer à force de temps.

Comment concevez-vous la programmation ?

Alors chaque artiste vient avec sa structure. Et donc c’est un partenariat avec une artiste et une structure. Et ils font la programmation. C’est-à-dire qu’il n’y a pas de comité de programmation, il n’y a personne qui dit qui peut passer dans notre festival ou non. Dans ce festival, c’est une artiste, une structure qui présentent un projet et le festival achète la deuxième représentation. Ce n’est pas un énième festival sur une thématique, c’est un levier de production et de diffusion. C’est une programmation vraiment diverse et spontanée qui reste cohérente. Il n’y a aucun regard esthétique sur la programmation.

Le Rayon du RIM Nouvelle-Aquitaine festival égale à égal

Avez-vous rencontré des difficultés lors de l’organisation du festival ?

C’est surtout le montage financier qui demande un gros travail parce que le problème c’est le multi-partenariats. En effet, pour obtenir une somme relativement modeste, il faut vraiment une quinzaine de partenaires, donc 15 dossiers de subvention, des relances… ça fait un gros travail administratif.

C’est la 5e édition… Qui compose votre public ?

Je dirais qu’il y a un public assez large, parce que pour les spectacles pour enfants dans la maison de quartier, il va y avoir des enfants et un public mixte. En moyenne c’est 65 % de femmes dans le public.

Comment voyez-vous l’avenir du festival ?

Le but de ce festival est de disparaître. Que les femmes puissent apparaître dans les programmations de tous les théâtres nationaux, les scènes nationales, les maisons de quartier, partout. Je ne sais pas si ce festival fait avancer quelque chose mais en tout cas, ça fait exister. On voit bien, avec tous les mouvements réactionnaires, que tout ce qui ne se défend pas comme droit a tendance à disparaître.

Une personne, une asso, un collectif avec lequel vous aimeriez travailler ?

J’aimerais surtout que d’un coup on dise, suite au festival Égale à égal, j’ai vu telle artiste ou telle artiste et qu’on ait envie de les programmer. Ce que j’aimerais c’est que ce festival permette de faire émerger des artistes et qu’elles se retrouvent au TAP (théâtre Auditorium de Poitiers). Mes plus beaux compliments seraient : « oh j’ai commencé avec le festival Égale à égal, ça m’a mis le pied à l’étrier, et maintenant on est visible et crédible, etc…« .

Une autre initiative comme la vôtre que vous voudriez mettre en lumière ?

Non tous les autres ils font de la merde ! (rire) Non je pourrais citer  Les Expressifs, dans un autre domaine, de qui je suis très proche. Il y a aussi les menstrueuses et toutes les initiatives qui tendent à mettre en visibilité les femmes finalement. Il y a aussi pas mal de Youtubeuses, j’aime bien le meufisme. Ce sont des outils pédagogiques et de mise en partage gratuits que j’aime bien soutenir. Citons quand même le planning familial puisque depuis le CIDF (Centre d’Information sur les Droits des Femmes), ils sont sur le terrain et accompagnent les violences faites aux femmes à cause des inégalités.

Quels conseils donneriez vous à des personnes voulant se lancer dans l’organisation d’un festival ?

Appelez Sabrina (rire) : c’est la coordinatrice du festival ! Elle gère toute la mise en œuvre et la coordination.

Le Rayon du RIM Nouvelle-Aquitaine festival égale à égal

Un moment marquant des éditions précédentes ?

Et bien mon moment préféré du festival ça a été les « fulgurances ». Une fulgurance c’est quand on se retrouve avec plein d’artistes. J’en ai deux préférés : « Le Bal Masqué des super-héros/héroïnes » et puis « A la folie » avec les textes d’Amélie Bertin. Ce sont des témoignages de femmes au commissariat, très fort comme moment.

 

Pour plus d’information : https://www.festivalegaleaegal.com/

INTERVIEW • Gabriel • Chanteur de San Salvador

San Salvador, Lauréat des victoires du jazz dans la catégorie « musiques du monde »

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Aujourd’hui Le Rayon te présente Gabriel, chanteur tambourin du groupe de musique San Salvador, lauréat des victoires du jazz pour le meilleur album « Musiques du monde ». San Salvador, c’est six voix, deux toms, douze mains et un tambourin alliant l’énergie et la poésie brute des musiques populaires à une orchestration savante.

Vous êtes ami.e.s de longue date, d’où vous est venue l’envie de créer San Salvador ?

Ce groupe est le fruit d’un long processus depuis notre enfance. Nous chantons et jouons de la musique ensemble depuis tout petits. Le « groupe » en ce sens existe depuis bien longtemps. Notre envie a toujours été de continuer à écrire cette histoire-là.

Le Rayon du RIM Nouvelle-Aquitaine San Salvador Victoires de la Musique

Comment décririez-vous votre musique ?

Nous venons des musiques populaires de tradition orale. Nous chantons en polyphonie des musiques qui traditionnellement ne se chantent pas de cette manière, ici en Corrèze. Notre périmètre à nous c’est les moyennes montagnes du Massif Central. Notre travail est de faire émerger une nouvelle musique pour ces paysages qui sont les nôtres, tant géographiques qu’humains. Nous inventons et ré-inventons de toutes pièces des éléments d’un patrimoine fictif ; celui que nous nous fabriquons. Cela résume en quelque sorte notre rapport et notre exigence vis-à-vis des musiques traditionnelles. Être fidèle à l’esprit plutôt qu’à la lettre de ces héritages musicaux. Savoir les saisir, les comprendre, les transformer, les continuer…

Comment définiriez-vous vos relations avec le label Pagans ?

Nous avons sollicité Pagans pour participer à l’aventure de production de notre disque (en co-production avec notre propre label que nous avons fondé en 2020). Le label Pagans s’est monté à un moment où les musiques traditionnelles en France piétinaient. Ils ont contribué, je crois, à ré-enclencher des dynamiques de créations sur nos esthétiques. Nous souhaitions participer, être solidaire, de ce mouvement-là. Nous menons par ailleurs d’autres actions, en commun avec Hart Brut, sur nos enjeux des musiques populaires en Nouvelle-Aquitaine.

Le Rayon du RIM Nouvelle-Aquitaine San Salvador Victoires de la Musique

En quoi est-ce important pour vous d’incarner et de faire vivre ces chants traditionnels ?

Pour moi, ils permettent de mieux déconstruire certaines idées reçues sur les questions d’identité, de « traditions ». Les milieux conservateurs et l’extrême droite en France entretiennent l’idée que nous vivions en France dans une forme d’unanimité et de pérennité de la tradition. L’étude de cesdites traditions permet, en réalité, de s’apercevoir que tout ceci a toujours été très mobile, fait de constructions, de déconstructions, d’apports successifs. Et que ces traditions n’ont cessé de s’adapter. C’est, en quelque sorte, un enseignement pour aujourd’hui. Nous pouvons tout à fait avoir le goût des musiques traditionnelles et être tout à fait en phase avec les enjeux de nos sociétés contemporaines.

Les Victoires du Jazz, ce n’est pas rien… qu’est-ce qui vous a permis, selon vous, d’atteindre un tel rayonnement ?

Plusieurs années de travail, d’engagement, de solidarité et de fidélité entre nous et avec les gens, ici, qui nous entourent. Nous ne croyons qu’à cela.

Qu’est-ce qui fait un bon concert selon vous ? Et un bon disque ?

Pour moi l’important est de réussir à faire du concert un acte de musique « total ». Il nous importe de tout fabriquer depuis le plateau, à vue. Sans artifice. Et de façon artisanale. Je crois que l’on sous-estime la notion de regard dans un concert. Pour moi il faut pouvoir voir ce que l’on entend.
C’est ce qui m’a par ailleurs grandement inquiété pour le disque. J’avais peur que nous ne puissions pas VOIR la musique. Nous avons travaillé avec l’ingénieur du son sur une grande proximité des voix et des percussions. Essayer de forcer l’auditeur à se créer une image du son.

Le dernier album / morceau qui vous a fait dresser les poils ?

« Ho capito che ti amo » de Luigi Tenco. (Ahaha) > écoutez-ça ici

Quel est votre meilleur souvenir lors d’un concert ?

Un concert au Womad en Angleterre. Entre deux morceaux au milieu du set. Impossible d’enchaîner et de passer au morceau suivant. Le public applaudissait. Dès que nous cherchions à commencer le morceau suivant, ils applaudissaient encore, sifflaient… Ils nous ont véritablement empêchés de reprendre. C’était très touchant et cela paraissait interminable. Cela a duré sans doute 1-2 min en vrai mais c’était vraiment impressionnant.

Un groupe, un artiste, un collectif régional avec lequel vous aimeriez collaborer ?

Hart Brut …ahaha

Non sinon ils ne sont pas de la région mais je rêve de travailler avec la Cie Baro D’Evel. Des espèces de circassiens augmentés qui savent tout faire bien. Hyper classe. Fin. Chirurgical. Aérien. Bref…Ils sont vraiment trop forts

> découvrir + sur la Cie Baro d’Evel.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un groupe de musique qui se lance ?

Un peu comme au-dessus. Pour moi le plus important est de prendre racine collectivement. Il faut avoir le désir d’un collectif humain. La Musique. Le Hors-Musique. L’industrie de la musique, comme tout type de marché, ne récompense que la performance individuelle. L’auteur-compositeur-interprète qui vend sa force de travail sur un marché et s’entoure des musiciens adéquats pour réaliser son projet. Or, un groupe de musique c’est tout le contraire. C’est avant tout une somme d’individualité. Une identité musicale façonnée et mise en commun par plusieurs personnes à la fois.

Le Rayon du RIM Nouvelle-Aquitaine San Salvador Victoires de la Musique

Et pour finir, quels sont vos projets sur le feu pour les prochains mois ?

Nous sommes en longues pauses dédiées à des projets de maternité et de paternité au sein du groupe. Quelques concerts entre deux enfants en Décembre. Nous reprendrons véritablement la tournée en Europe en Mai et Juin 22. Aux USA en Juillet et en Septembre. Puis nous serons en résidence à l’OARA à Bordeaux au mois d’Octobre pour commencer notre nouvelle création.

INTERVIEW • Ophélie • Manageuse, productrice, bookeuse

Ophélie, co-fondatrice et coordinatrice de Lagon Noir

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Aujourd’hui Le Rayon te présente Ophélie, co-fondatrice et coordinatrice de Lagon Noir, une structure qui accompagne les artistes dans le développement de leur carrière et de leur projet artistique.

Salut Ophélie, pour commencer, pourrais-tu définir ce qu’est Lagon Noir ?

Lagon Noir c’est une structure qui accompagne des artistes, tant sur le plan de la production et de la diffusion de concerts, que (plus ponctuellement) sur le plan de la production et de l’édition phonographique.

Tu travailles donc directement aux côtés des artistes… quel est l’élément principal qui guide ta recherche de projets?

Tous les artistes de Lagon ont intégré la structure parce qu’il y a eu un coup de cœur sur le live. Pour moi c’est vraiment le concert qui est primordial, c’est-à-dire que j’ai du mal à envisager d’accompagner un groupe que je n’ai jamais vu sur scène. Et puis, évidemment, il y a la question de l’esthétique qui entre en compte, parce que je fais attention à ce que ce soit assez cohérent, mais en même temps je ne suis jamais à l’abri d’une surprise dans un registre musical un peu inattendu, ça arrive aussi.

Très concrètement comment tu procèdes ?

Il y a des artistes que je connaissais avant la création de Lagon Noir, avec qui j’avais déjà eu des échanges en travaillant dans des festivals où je les ai accueillis (j’ai fait pas mal d’accueil artiste avant de monter ce projet) : comme les Sweat Like An Ape ou les Blackbird Hill.

Ces groupes m’ont suivie au moment de la création. D’ailleurs ils faisaient partie des premiers artistes. Ensuite, il y a des artistes que je connaissais aussi parce que je les croisais souvent. C’est un petit réseau finalement, on se connaît tous. Il y en a que je connaissais, avec qui je ne pensais pas forcément avoir l’occasion de travailler un jour et puis l’opportunité s’est présentée : je pense à I Am Stramgram par exemple.

Les artistes qui ne sont pas en Nouvelle-Aquitaine, je les ai découverts en allant à des concerts avec des artistes de Lagon Noir ou à titre personnel. Par exemple pour le groupe The Swinging Dice qui se trouve dans la campagne au nord de Paris, la rencontre s’est faite lorsque j’accompagnais Blackbird Hill au festival Celebration Days. The Swinging Dice y jouait, faisaient aussi partie de l’orga du festival et ils ont apprécié Blackbird Hill. Par la suite ils leur ont écrit « voilà, on a regardé un peu ce que vous faîtes et on a vu qu’il y avait quelqu’un qui vous aidait, etc ». La discussion s’est enclenchée entre eux et c’était assez marrant parce que de notre côté aussi, on a tous eu un coup de coeur pour leur groupe, moi j’avais vraiment flashé. En fait, il y a eu ce coup de coeur mutuel entre les deux groupes qui a aussi créé une occasion pour moi.

Une vraie synergie quoi !

Ouais carrément ! C’est cool quand ça se passe comme ça !

Pour parler un peu phono, quels sont pour toi les éléments qui font la réussite d’un disque ?

Alors c’est pas évident parce que je ne pense pas qu’il y ait de recette spéciale. On voit bien que parfois tu as une recette qui va fonctionner avec un artiste et qui ne va pas du tout fonctionner avec un autre. Il n’y a pas tellement de règle.

Ça signifie quoi pour toi d’appliquer une recette dans la production d’un disque ?

En ce qui me concerne et en ce qui concerne mes goûts, pour qu’un disque soit réussi, il faut que l’artiste ait trouvé un équilibre entre une qualité de son, une qualité dans l’écriture (des textes et de la musique), et en plus qu’il ait réussi à apporter un brin de folie ou d’originalité, quelque chose qui va le rendre singulier et qui fera que sa proposition sortira un peu du « lot ».

Donc il faut que ça déborde …

Quelque part ouais. J’aime bien aussi les artistes qui assument leurs influences et qui vont même les exacerber à fond.

Si on change de focale et qu’on se met du point de vue de l’auditeur, dans la recherche musicale, quelles sont les qualités d’un parfait digger ?

Pour moi c’est le ou la curieux·se par excellence, qui va pas avoir peur d’écouter des kilomètres de son et de fouiller pendant des heures dans les bacs pour trouver la petite pépite ou pour revenir te dire « j’ai découvert un groupe de hip-hop palestinien ou un groupe de rock khmer », un truc improbable quoi. Et puis autre point important à mon sens, c’est quelqu’un qui va favoriser le circuit-court et les emplettes responsables, qui va aller se servir chez son disquaire, qu’il connaît, avec qui il a des échanges humains et évidemment qui ne va pas se rendre chez les « supermarchés de la culture ». Et puis même sur le numérique, quelqu’un qui va plutôt aller fouiller sur Bandcamp que sur Spotify.

Le développement artistique local est quelque chose qui t’anime manifestement, comment ça se traduit ?

« pour bien travailler j’ai besoin de lien. Nos métiers sont basés sur l’humain »

Avant qu’elle arrive sous les feux de la rampe, je m’étais pas vraiment posé cette question directement. Je me suis plutôt rendue compte que mes actions étaient inconsciemment tournées vers le local. Sur 9 artistes de Lagon Noir, seulement 3 ne sont pas basés en Nouvelle-Aquitaine. Ces 3 là sont quand même français donc on reste quand même sur du circuit-court. Je crois que la raison principale à ça, c’est que pour bien travailler j’ai besoin de lien. Nos métiers sont basés sur l’humain, chose qu’on a parfois un peu tendance à oublier malheureusement.

Je me vois mal travailler des projets avec des artistes ou des professionnels de leur entourage que je ne verrais jamais. Je l’ai déjà fait, j’ai travaillé pour un tourneur un peu plus gros à une époque, et ça m’a découragée de n’être quasiment jamais au contact des gens avec lesquels je travaillais au niveau artistique et j’ai pas vraiment tissé de liens avec eux, tout passait par mail ou par téléphone. Je trouvais ça un peu triste. Donc c’est une des raison principales, j’ai besoin d’être au contact des gens que je défends.

Et je pense qu’on a la chance d’avoir un vrai foyer de création sur notre territoire. Donc j’ai envie de le valoriser. Et je ne vois pas trop pourquoi j’irais chercher en Chine un truc qu’on fait très bien à côté de chez moi.

Ça rejoint ce que tu disais tout à l’heure, les histoires de rencontres que tu peux tisser dans ce métier…

Exactement, l’humain avant tout !

Le contexte général du secteur culturel est très porté sur le numérique, mouvement qui ne date pas que des derniers mois très particuliers, la numérisation date déjà de plusieurs années. Tu portes quel regard là-dessus ?

« je trouve que la culture a besoin d’un écosystème de liens entre les auteurs, les producteurs, les distributeurs et le public ».

Je suis assez partagée. D’une part, je trouve que la numérisation de la culture a quand même un rôle intéressant dans l’accès à la culture pour le plus grand nombre, parce que grâce à ça tu peux vivre à Berlin et visiter virtuellement un musée, écouter un petit artiste ou lire un auteur qui sont à l’autre bout du monde. Ça c’est le côté progrès. Et puis aussi pour les personnes qui n’ont pas forcément les moyens. Tout ça a quand même un coût. Donc je trouve que la numérisation a permis cet accès à des contenus auxquels certains n’avaient pas forcément accès jusque là, ou en tout cas pas si facilement.

En parallèle, contrairement aux produits de la consommation courante, je trouve que la culture a besoin d’un écosystème de liens entre les auteurs, les producteurs, les distributeurs et le public. Et ça, avec Internet, ça a tendance à beaucoup nous échapper. C’est là que le danger se trouve. Il y a une sorte de dépendance qui s’est créée. La numérisation pour nous, professionnels du spectacle, est devenue nécessaire pour exister. Quand on voit évoluer la pratique des consommateurs, finalement c’est devenu un peu la base pour nous pour se développer économiquement et pour exister auprès d’eux. Ça, je le déplore parce que je préfère être au contact du public, au contact physique, les rencontrer à la fin des concerts, discuter, les voir applaudir, plutôt que de passer ma journée à « communiquer » assise derrière mon écran d’ordi. Je trouve que les limites sont là.

Quand tu commences à t’intéresser aux chiffres plus qu’au ressenti des gens, ça peut pervertir le rapport au public, aboutir à une conception de l’action culturelle de moins en moins séparée de celle du commercial ou du marketeur classique…

Totalement…
Et puisqu’on parle de chiffres, je me suis intéressée à la fréquentation des salles de concert et je trouve ça dommage de lire que les moins de 20 ans n’y mettent plus les pieds car ils préfèrent regarder des « artistes » sur YouTube. Je trouve qu’on perd certains essentiels et c’est là que pour moi on atteint la limite.

Donc le numérique est un outil formidable mais attention…

Tout est une question d’usage. Si t’en fais bon usage, un usage intelligent… Je vais pas faire de la langue de bois, moi aussi j’utilise Deezer, Spotify ou YouTube. Mais à côté de ça, quand il y a un artiste sur qui je flashe, je vais lui acheter un disque. Je sais que ses revenus sont plus probants là qu’avec mes écoutes sur les plateformes donc tout est question d’équilibre et tout est question de la façon de consommer en fin de compte. Ça rejoint un peu ce que j’ai dit jusque là.

Pour revenir sur le côté humain : comment traduirais-tu en mots le rapport avec les artistes que tu produis ?

Souvent en plus d’un coup de coeur artistique, il y a un coup de coeur humain. Je suis contente de travailler avec des gens chouettes. Ça m’est arrivé d’apprécier des artistes sur scène mais que le courant ne passe pas du tout humainement par après. J’ai un rapport particulier avec tous les artistes qui sont chez Lagon Noir. Certains sont assez autonomes et moi je suis là en renfort sur des points clés, comme aller chercher des partenaires professionnels pour sortir un disque ou bien un attaché de presse… Donc un rôle plutôt de pivot. À côté de ça il y en a qui vont me solliciter tous les jours, qui ont besoin d’avoir un avis extérieur au leur pour quasiment toutes leurs décisions. Tout ça, c’est ce que j’apprécie dans mon travail, c’est que je ne fais jamais la même chose de la même façon. Ça varie vraiment en fonction des artistes dont il sera question.

Quels sont les projets sur le feu chez Lagon Noir ?

Nous avons plein de projets pour 2021/2022, ça se bouscule ! Pénélope sort son premier album le 8 octobre là.

Il y a Steve Amber qui vient d’annoncer la sortie d’un premier album en mars-avril 2022. Et il y a S.B.R.B.S, qui fait depuis quelques temps des sorties au titre par titre et qui va enfin sortir un album également en 2022 (un premier single devrait sortir courant novembre).
Blackbird Hill est en train de préparer son deuxième album. Pour eux ça a été dur car le premier est sorti mi-février 2020, il eu un petit écho intéressant côté médias et publics. Ils ont eu de chouettes chroniques etc.

On a pu faire une belle release party au Krakatoa. Et là tout s’est arrêté alors qu’il y avait une trentaine de dates qui était prévues, avec un peu d’étranger et tout donc on s’est fait couper l’herbe sous les pieds. Mais c’est pas grave, ils remontent en selle ! On va recommencer (rires).

Et puis enfin la petite nouveauté c’est qu’on a co-produit un spectacle pour le jeune public avec Arema Rock&Chanson. Il s’appelle Léa et la boîte à colère et il s’adresse aux enfants de 4 à 7 ans. Je suis ravie d’avoir cette nouveauté 🙂

On garde la motiv, c’est un message important !

Carrément !

sortie promo pénélope le rayon du rim
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INTERVIEW • Monsieur Le Rayon

Manu, chargé de la promotion et de la distribution des disques Le Rayon

Emmanuel est la figure de proue du Rayon. C’est lui qui centralise les disques produits par les labels néo-aquitains et les distribue dans nos points de vente partenaires. Au volant de son van et son bac à disques sous le bras, il parcourt la région pour rencontrer celles et ceux qui font vivre la musique indépendante, et déposer près de chez vous toutes leurs pépites sonores.

Pour le rencontrer, devenir partenaire Le Rayon ou juste lui envoyer un mot doux : emmanuel . castel @ le – rim . org