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Artiste : CAPSULA
Album : Phantasmaville
Label : After Before
Sortie : 28 octobre 2022
Genre : Rock
“Les gens sont tellement désespérés qu’ils croiraient à n’importe quoi… même au rock’n’roll”.
Je ne me souviens pas qui l’a dit, je suppose en référence aux religions. C’était faux, bien sûr, car lorsque toutes les croyances humaines échouent, nous avons toujours le rock and roll, sa promesse de nous remonter le moral les jours sombres et de nous enivrer jusqu’à ce que nous perdions connaissance. Tout recommence en écoutant simplement un disque vinyle ou en criant «un, deux, trois» dans un microphone.
Fureur et luxure, électricité et esprit, dynamisme et sensualité. Rock and roll…
Rares sont les groupes espagnols qui comprennent, disons par intuition, cette réalité comme le fait Capsula. Et on dirait qu’aucun d’eux ne le vit, ne l’assimile, ne le pratique et ne le construit comme eux, surtout dans leurs performances volcaniques. Martín et Coni, Coni et Martín, et Álvaro Olaetxea à la batterie. Le trio basco-argentin sort Phantasmaville, onze nouvelles chansons qui maintiennent et amplifient leur vocation psycho-glam-rocker, des airs inconscients, des tendances et des saveurs qui dominent la musique populaire du nouveau millénaire. « C’est un disque rock’n’roll fait par des punks sur une machine à remonter le temps analogique », disent-ils.
Cela ne fait que deux ans depuis le Bestiarium palpitant en 2019, mais cela ressemble à une vie. Évidemment, pour des êtres dont l’existence est la scène et le contact direct avec leur public. La pandémie était une succession déroutante de peurs et d’espoirs, de vérités qui s’effondraient au quotidien et d’une réalité qui nuit après nuit semblait plus cauchemardesque. «Behind the Trees», «The Mobius Strip», «Melting Down», «Ghost Town»: des chansons qui ressentent la peur, la confusion, la désintégration et la solitude de ces temps. Avec une folie rock and roll cinglante.
On sait quel est le son de Capsula, ce méli-mélo perçant de garage-rock, de psychédélisme rampant et du divin Bowie. Les chansons déjà citées sont faites avec ces matériaux, mais il y a aussi de nouveaux sons avec la touche surf de «El Camino de La Plata» et «All My Friends», la Californie se déplaçant sismiquement vers l’hémisphère sud.
C’est bon signe qu’après une longue carrière débutée à la fin des années 90, et ayant déjà sorti une dizaine d’albums, ils continuent d’avancer au gré de leur instinct, sans dévier d’un iota de leurs principes. Des mots lancés en l’air, des riffs de guitare pulsés avec ravissement, un pandémonium suprême qui nous soulève et en même temps nous maintient accrochés au sol.