Je suis assez partagée. D’une part, je trouve que la numérisation de la culture a quand même un rôle intéressant dans l’accès à la culture pour le plus grand nombre, parce que grâce à ça tu peux vivre à Berlin et visiter virtuellement un musée, écouter un petit artiste ou lire un auteur qui sont à l’autre bout du monde. Ça c’est le côté progrès. Et puis aussi pour les personnes qui n’ont pas forcément les moyens. Tout ça a quand même un coût. Donc je trouve que la numérisation a permis cet accès à des contenus auxquels certains n’avaient pas forcément accès jusque là, ou en tout cas pas si facilement.
En parallèle, contrairement aux produits de la consommation courante, je trouve que la culture a besoin d’un écosystème de liens entre les auteurs, les producteurs, les distributeurs et le public. Et ça, avec Internet, ça a tendance à beaucoup nous échapper. C’est là que le danger se trouve. Il y a une sorte de dépendance qui s’est créée. La numérisation pour nous, professionnels du spectacle, est devenue nécessaire pour exister. Quand on voit évoluer la pratique des consommateurs, finalement c’est devenu un peu la base pour nous pour se développer économiquement et pour exister auprès d’eux. Ça, je le déplore parce que je préfère être au contact du public, au contact physique, les rencontrer à la fin des concerts, discuter, les voir applaudir, plutôt que de passer ma journée à « communiquer » assise derrière mon écran d’ordi. Je trouve que les limites sont là.