Pierre-Johann · Directeur artistique de Kontainer

Pierre-Johann, directeur artistique de Kontainer

Le Rayon te propose de partir à la rencontre des passioné·e·s qui font vivre la musique en Nouvelle-Aquitaine. Entre circuit-court, développement de projets artistiques locaux et promotion des talents de la région, on t’invite à prendre le café avec les pros du microsillon.

Aujourd’hui Le Rayon te présente Pierre-Johann aka Pierre-Yo, directeur artistique de Kontainer. Situé dans les Landes, Kontainer est un lieu pluridisciplinaire dans lequel tout un tas de gens différents peuvent travailler ensemble. Résidences artistiques, co-working, ateliers, et tant de choses encore, …

Découvre Kontainer :

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INTERVIEW · Adeline · Médiatrice culturelle à La Nef

Adeline, responsable de l’action culturelle à La Nef

Le Rayon te propose de partir à la rencontre des passioné·e·s qui font vivre la musique en Nouvelle-Aquitaine. Entre circuit-court, développement de projets artistiques locaux et promotion des talents de la région, on t’invite à prendre le café avec les pros du microsillon.

Aujourd’hui Le Rayon te présente Adeline, responsable de l’action culturelle à La Nef, une salle de spectacle située à Angoulême et dédiée à la musique actuelle, mais pas que.

Salut Adeline, est-ce que tu peux te présenter et ce que tu fais à la Nef ?

Je m’appelle Adeline Sourisseau, je suis médiatrice culturelle à La Nef donc en gros je monte des projets avec des structures extérieures. Ça peut être des scolaires, le milieu hospitalier, le milieu carcéral, des centres sociaux, peu importe tant qu’il y a une envie commune de faire quelque chose.

Le Rayon du RIM Nouvelle-Aquitaine La Nef

Est-ce que tu peux nous en dire plus sur la Nef ? Il s’y passe quoi concrètement ?

La Nef c’est ce qu’on appelle une SMAC, scène de musiques actuelles, dans laquelle on va retrouver une salle de concert qui fait 750 places. On y trouve 4 studios de répétitions qui accueillent en moyenne 150 groupes à l’année et un studio d’enregistrement qui sert essentiellement à l’accompagnement de la scène locale, à faire des maquettes. On fait peu, voire pas, d’enregistrement professionnel. On a une boutique dédiée aux acteurs de l’image chez nous, donc c’est des illustrateurs qui vont mettre en dépôt-vente leurs créations par exemple. Ça peut être aussi nous, nos propres créations, puisqu’on essaye de travailler au maximum avec les illustrateurs et dessinateurs d’ici. Par exemple, on a ce projet de sérigraphie qui s’appelle 7 trois-quart, c’est donc 7 illustrations à l’année, 3 couleurs imposées et carte blanche à l’illustrateur. Donc on essaie sur certains concerts de faire une sérigraphie en lien avec le concert qui sera animée en réalité augmenté. Il suffit de télécharger l’application PAN et l’affiche s’anime, donc on fait travailler les illustrateurs et dessinateurs mais aussi les gens du dessin animé pour pouvoir mettre en réalité augmenté ces différents supports. Et dans cette boutique on retrouve aussi des Fanzines, des disques, des CD, des vinyles et des cartes postales.
Et on fait plein d’animations. Il y a ce qu’on appelle le « fauxtomaton ». je n’en dirai pas plus, les gens testeront pour ce qui viendront. On a aussi des illustrateurs, par exemple Timothée au bar, qui fait des croquis et qu’on édite en carte postale chaque année. Ils sont une petite dizaine à venir et à tourner sur les concerts régulièrement.

Le Rayon du RIM Nouvelle-Aquitaine La Nef
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La Nef est grande mais est-ce que tu peux nous faire une visite imaginaire ? Décrire à quoi il ressemble pour que les lecteurs puissent se l’imaginer.

Alors improviser ça, ça va être compliqué (rire). Il faut s’imaginer rentrer dans une ancienne poudrière où on fabriquait avant des munitions d’armes. Donc un vieux bâtiment en pierre qui a une hauteur sous plafond assez grande avec des charpentes en bois. Quand on sort de cette salle de concert, on arrive dans le coté plus moderne qui a été fait en 2005. On va retrouver un bar qui change d’allure régulièrement. Là aujourd’hui il est très fleuri par exemple, mais on a eu des jungles et pas mal de choses. Quand on remonte au studio, là on arrive dans un univers qui nous met en condition plus sérieuse. Avec un son très mat dans les studios, ce qui fait que l’acoustique est très particulière. Et comme c’est entretenu très régulièrement, on a la chance d’avoir des régisseurs studio qui font très attention au matériel et des groupes très respectueux de ça.

Quel est ton meilleur souvenir dans cette salle ?

Alors j’en ai plein ! C’est dur mais j’ai tendance à dire que c’est le premier concert que j’ai fait sans mes parents. Je l’ai fait ici quand j’étais adolescente. C’était le concert de Nada Surf, avant les rénovations, donc en 2003 ou 2002. Il y avait que la salle, il n’y avait pas la partie studio et bar. Le bar était dans la salle donc ça faisait plus petit. Et le groupe était venu boire des coups avec nous à la fin. C’était mon premier souvenir marquant. Si à cette époque je m’étais dit que j’allais boire plein de coup avec des groupes par la suite je ne l’aurais pas cru. (rire)

On peut donc dire que ton « toi » plus jeune est satisfaite alors ?

Voilà exactement ! (rire)

La Nef vient d’installer un bac le Rayon, qui rassemble les disques produits par les labels indés de Nouvelle-Aquitaine…  En quoi est-ce important de proposer au public la musique produite localement ?

Alors déjà, ça fait partie d’une démarche globale de La nef. On a cette envie de travailler en circuit court. Alors on a des failles comme tout le monde puisqu’on ne peut pas tout faire en circuit court mais on y travaille. Notamment sur le catering et restauration on va acheter nos légumes et cueillir nos fruits à la cueillette fabulette plutôt que d’en acheter qui viennent d’Espagne ou autre. Quand on a crée la boutique on l’a dédiée à l’image puisqu’avant il y avait un disquaire dans cette boutique mais son souvenir est très présent et on avait pas forcement envie de mettre un autre disquaire. Donc on a préféré la dédier à l’image et on s’est dit quand même qu’il y a un lien à faire entre image et musique. Donc sans faire appel à un disquaire, comment essayer de faire en sorte que ce circuit court qu’on essaye de mettre en place soit présent en terme de disque. Et là Manu (Monsieur le Rayon) est arrivé (rire) ! C’était important pour nous d’avoir les labels de la région dans cette boutique là.

Le Rayon du RIM Nouvelle-Aquitaine La Nef
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Et parmi les artistes locaux on peut y retrouver des illustrateurs et des collectifs c’est ça ?

Tout à fait ! Au niveau des collectifs on a le collectif PAN par exemple qui fait une expo érotique dans les toilettes, on a le collectif le Hiboux dont on a les fanzine ici. Ça dépend aussi des envies des gens.

Dans ce bac Le Rayon, est-ce qu’il y a un disque qui t’a plu ?

Oh j’en ai plein mais là, ceux que j’ai chez moi et que j’écoute le plus souvent, ça va être du Shannon Wright ou Lysistrata.

Un groupe du coin que tu aimerais nous faire découvrir ?

Ah il y en a plein, là ce qui me vient en tête, parce qu’ils répétaient mercredi, c’est les Mexican Purple Wine. Une espèce de grunge bien énervé ! Je vous les recommande fortement !

Imagine que j’ai envie de créer ma salle de concert… quel bon conseil est-ce que tu me donnes ? Au contraire, un truc que je dois absolument éviter ?

Déjà je te demanderais quel type de salle tu veux faire, est-ce que c’est une petite salle rurale, un parc expo (rire) ça va dépendre de ce que tu veux faire. Je te conseillerais la petite salle en milieu rural. La chose à éviter c’est de se mettre dans un lieu avec un voisinage trop proche. Par exemple, nous on est bien ici dans un industriel. Alors c’est pas exotique quand on sort mais au moins on embête personne. Les choses que je te conseillerais c’est de ne pas faire comme les autres. De trouver quelque chose qui te sort du lot.

Et qu’est-ce que La Nef a qui la sort du lot ?

Je pense que c’est justement le fait que quand les gens viennent à la Nef ils ne viennent pas seulement voir des concerts. On leur propose autre chose. Notamment toutes les animations qu’on met en place, comme pour « Bisou », je peux pas tout dire mais il va y avoir la possibilité de faire son propre flipbook, de couple ou d’amis. Il va y avoir la possibilité de faire un Tinder mais DIY, chaque célibataire se dessine et les autres célibataires qui passent peuvent choisir le dessin qu’ils veulent. Il va y avoir un blindtest comme d’habitude, il va y avoir de la licorne, je n’en dirai pas plus (rire). Des tatouages, de la radio, des expos, en veux tu en voilà, il y en a dans les toilettes, sur les murs, un peu partout.

> événement passé du 9 au 13 Novembre 2021

Le Rayon du RIM Nouvelle-Aquitaine La Nef

Ah oui, vous avez crée une radio ?

Oui, avec plusieurs acteurs du territoire on a crée radio Zai Zai. Dans le conseil d’administration il y a la Nef mais aussi Musique Métisse, passe à l’image qui est une association plutôt dédiée au documentaire, il y a le FRAC, (fond régional d’art contemporain), j’en oublie certainement mais l’idée c’est que ce soit ouvert à plusieurs esthétiques et envies, pas qu’à la musique. Ils viennent sur « Bisou » toute la semaine faire un plateau en direct. Là où on se trouve, qui est aussi notre salle de karaoké (rire).

> Pour en savoir plus sur Radio Zai Zai

Quel est ton dernier coup de cœur musical vu à La Nef ?

Ah c’est mes chouchous, c’est Johnny Mafia. Hyper touchant, et je ne sais pas, ils me donnent la patate. Je ressors de là je serais capable de monter sur scène (rire).

Qu’est-ce qui fait un bon concert selon toi ?

Je pense que c’est la relation que les membres d’un groupe ont entre eux. On voit vite un groupe qui se prend la tête et un qui se la prend pas et on voit vite la différence en live.

Le Rayon du RIM Nouvelle-Aquitaine La Nef
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Et un bon disque ?

L’ingé son ! (Rire) Une fois que les musiciens sont bons, clairement la différence c’est la personne qui va s’occuper de enregistrement, du mix, etc…

Il faut bien s’entourer alors !

Exactement (Rire) !

Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à un groupe de musique qui se lance, à part avoir un bon ingé son ?

Il faut savoir être patient et ne pas vouloir aller trop vite !

> Pour plus d’informations : https://www.lanef-musiques.com/

INTERVIEW · Nolwenn · Attachée de presse à Banzai Lab

Nolwenn, attachée de presse chez Banzai Lab

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Aujourd’hui Le Rayon te présente Nolwenn, attachée de presse auprès du label associatif Banzai Lab, situé à Bordeaux. Ce label soutient, favorise le développement et accompagne les artistes dans leurs démarches professionnelles afin qu’ils puissent consacrer leur énergie et leur talent à créer.

En lien direct avec les artistes, Nolwenn se charge de promouvoir leurs albums, singles ou autres événements à venir. Dans cette interview, elle te livre tous ses conseils et expériences sur son métier.

Découvrez les vidéos ci-dessous :

INTERVIEW • Ophélie • Manageuse, productrice, bookeuse

Ophélie, co-fondatrice et coordinatrice de Lagon Noir

Le Rayon te propose de partir à la rencontre des passioné·e·s qui font vivre la musique en Nouvelle-Aquitaine. Entre circuit-court, développement de projets artistiques locaux et promotion des talents de la région, on t’invite à prendre le café avec les pros du microsillon.

Aujourd’hui Le Rayon te présente Ophélie, co-fondatrice et coordinatrice de Lagon Noir, une structure qui accompagne les artistes dans le développement de leur carrière et de leur projet artistique.

Salut Ophélie, pour commencer, pourrais-tu définir ce qu’est Lagon Noir ?

Lagon Noir c’est une structure qui accompagne des artistes, tant sur le plan de la production et de la diffusion de concerts, que (plus ponctuellement) sur le plan de la production et de l’édition phonographique.

Tu travailles donc directement aux côtés des artistes… quel est l’élément principal qui guide ta recherche de projets?

Tous les artistes de Lagon ont intégré la structure parce qu’il y a eu un coup de cœur sur le live. Pour moi c’est vraiment le concert qui est primordial, c’est-à-dire que j’ai du mal à envisager d’accompagner un groupe que je n’ai jamais vu sur scène. Et puis, évidemment, il y a la question de l’esthétique qui entre en compte, parce que je fais attention à ce que ce soit assez cohérent, mais en même temps je ne suis jamais à l’abri d’une surprise dans un registre musical un peu inattendu, ça arrive aussi.

Très concrètement comment tu procèdes ?

Il y a des artistes que je connaissais avant la création de Lagon Noir, avec qui j’avais déjà eu des échanges en travaillant dans des festivals où je les ai accueillis (j’ai fait pas mal d’accueil artiste avant de monter ce projet) : comme les Sweat Like An Ape ou les Blackbird Hill.

Ces groupes m’ont suivie au moment de la création. D’ailleurs ils faisaient partie des premiers artistes. Ensuite, il y a des artistes que je connaissais aussi parce que je les croisais souvent. C’est un petit réseau finalement, on se connaît tous. Il y en a que je connaissais, avec qui je ne pensais pas forcément avoir l’occasion de travailler un jour et puis l’opportunité s’est présentée : je pense à I Am Stramgram par exemple.

Les artistes qui ne sont pas en Nouvelle-Aquitaine, je les ai découverts en allant à des concerts avec des artistes de Lagon Noir ou à titre personnel. Par exemple pour le groupe The Swinging Dice qui se trouve dans la campagne au nord de Paris, la rencontre s’est faite lorsque j’accompagnais Blackbird Hill au festival Celebration Days. The Swinging Dice y jouait, faisaient aussi partie de l’orga du festival et ils ont apprécié Blackbird Hill. Par la suite ils leur ont écrit « voilà, on a regardé un peu ce que vous faîtes et on a vu qu’il y avait quelqu’un qui vous aidait, etc ». La discussion s’est enclenchée entre eux et c’était assez marrant parce que de notre côté aussi, on a tous eu un coup de coeur pour leur groupe, moi j’avais vraiment flashé. En fait, il y a eu ce coup de coeur mutuel entre les deux groupes qui a aussi créé une occasion pour moi.

Une vraie synergie quoi !

Ouais carrément ! C’est cool quand ça se passe comme ça !

Pour parler un peu phono, quels sont pour toi les éléments qui font la réussite d’un disque ?

Alors c’est pas évident parce que je ne pense pas qu’il y ait de recette spéciale. On voit bien que parfois tu as une recette qui va fonctionner avec un artiste et qui ne va pas du tout fonctionner avec un autre. Il n’y a pas tellement de règle.

Ça signifie quoi pour toi d’appliquer une recette dans la production d’un disque ?

En ce qui me concerne et en ce qui concerne mes goûts, pour qu’un disque soit réussi, il faut que l’artiste ait trouvé un équilibre entre une qualité de son, une qualité dans l’écriture (des textes et de la musique), et en plus qu’il ait réussi à apporter un brin de folie ou d’originalité, quelque chose qui va le rendre singulier et qui fera que sa proposition sortira un peu du « lot ».

Donc il faut que ça déborde …

Quelque part ouais. J’aime bien aussi les artistes qui assument leurs influences et qui vont même les exacerber à fond.

Si on change de focale et qu’on se met du point de vue de l’auditeur, dans la recherche musicale, quelles sont les qualités d’un parfait digger ?

Pour moi c’est le ou la curieux·se par excellence, qui va pas avoir peur d’écouter des kilomètres de son et de fouiller pendant des heures dans les bacs pour trouver la petite pépite ou pour revenir te dire « j’ai découvert un groupe de hip-hop palestinien ou un groupe de rock khmer », un truc improbable quoi. Et puis autre point important à mon sens, c’est quelqu’un qui va favoriser le circuit-court et les emplettes responsables, qui va aller se servir chez son disquaire, qu’il connaît, avec qui il a des échanges humains et évidemment qui ne va pas se rendre chez les « supermarchés de la culture ». Et puis même sur le numérique, quelqu’un qui va plutôt aller fouiller sur Bandcamp que sur Spotify.

Le développement artistique local est quelque chose qui t’anime manifestement, comment ça se traduit ?

« pour bien travailler j’ai besoin de lien. Nos métiers sont basés sur l’humain »

Avant qu’elle arrive sous les feux de la rampe, je m’étais pas vraiment posé cette question directement. Je me suis plutôt rendue compte que mes actions étaient inconsciemment tournées vers le local. Sur 9 artistes de Lagon Noir, seulement 3 ne sont pas basés en Nouvelle-Aquitaine. Ces 3 là sont quand même français donc on reste quand même sur du circuit-court. Je crois que la raison principale à ça, c’est que pour bien travailler j’ai besoin de lien. Nos métiers sont basés sur l’humain, chose qu’on a parfois un peu tendance à oublier malheureusement.

Je me vois mal travailler des projets avec des artistes ou des professionnels de leur entourage que je ne verrais jamais. Je l’ai déjà fait, j’ai travaillé pour un tourneur un peu plus gros à une époque, et ça m’a découragée de n’être quasiment jamais au contact des gens avec lesquels je travaillais au niveau artistique et j’ai pas vraiment tissé de liens avec eux, tout passait par mail ou par téléphone. Je trouvais ça un peu triste. Donc c’est une des raison principales, j’ai besoin d’être au contact des gens que je défends.

Et je pense qu’on a la chance d’avoir un vrai foyer de création sur notre territoire. Donc j’ai envie de le valoriser. Et je ne vois pas trop pourquoi j’irais chercher en Chine un truc qu’on fait très bien à côté de chez moi.

Ça rejoint ce que tu disais tout à l’heure, les histoires de rencontres que tu peux tisser dans ce métier…

Exactement, l’humain avant tout !

Le contexte général du secteur culturel est très porté sur le numérique, mouvement qui ne date pas que des derniers mois très particuliers, la numérisation date déjà de plusieurs années. Tu portes quel regard là-dessus ?

« je trouve que la culture a besoin d’un écosystème de liens entre les auteurs, les producteurs, les distributeurs et le public ».

Je suis assez partagée. D’une part, je trouve que la numérisation de la culture a quand même un rôle intéressant dans l’accès à la culture pour le plus grand nombre, parce que grâce à ça tu peux vivre à Berlin et visiter virtuellement un musée, écouter un petit artiste ou lire un auteur qui sont à l’autre bout du monde. Ça c’est le côté progrès. Et puis aussi pour les personnes qui n’ont pas forcément les moyens. Tout ça a quand même un coût. Donc je trouve que la numérisation a permis cet accès à des contenus auxquels certains n’avaient pas forcément accès jusque là, ou en tout cas pas si facilement.

En parallèle, contrairement aux produits de la consommation courante, je trouve que la culture a besoin d’un écosystème de liens entre les auteurs, les producteurs, les distributeurs et le public. Et ça, avec Internet, ça a tendance à beaucoup nous échapper. C’est là que le danger se trouve. Il y a une sorte de dépendance qui s’est créée. La numérisation pour nous, professionnels du spectacle, est devenue nécessaire pour exister. Quand on voit évoluer la pratique des consommateurs, finalement c’est devenu un peu la base pour nous pour se développer économiquement et pour exister auprès d’eux. Ça, je le déplore parce que je préfère être au contact du public, au contact physique, les rencontrer à la fin des concerts, discuter, les voir applaudir, plutôt que de passer ma journée à « communiquer » assise derrière mon écran d’ordi. Je trouve que les limites sont là.

Quand tu commences à t’intéresser aux chiffres plus qu’au ressenti des gens, ça peut pervertir le rapport au public, aboutir à une conception de l’action culturelle de moins en moins séparée de celle du commercial ou du marketeur classique…

Totalement…
Et puisqu’on parle de chiffres, je me suis intéressée à la fréquentation des salles de concert et je trouve ça dommage de lire que les moins de 20 ans n’y mettent plus les pieds car ils préfèrent regarder des « artistes » sur YouTube. Je trouve qu’on perd certains essentiels et c’est là que pour moi on atteint la limite.

Donc le numérique est un outil formidable mais attention…

Tout est une question d’usage. Si t’en fais bon usage, un usage intelligent… Je vais pas faire de la langue de bois, moi aussi j’utilise Deezer, Spotify ou YouTube. Mais à côté de ça, quand il y a un artiste sur qui je flashe, je vais lui acheter un disque. Je sais que ses revenus sont plus probants là qu’avec mes écoutes sur les plateformes donc tout est question d’équilibre et tout est question de la façon de consommer en fin de compte. Ça rejoint un peu ce que j’ai dit jusque là.

Pour revenir sur le côté humain : comment traduirais-tu en mots le rapport avec les artistes que tu produis ?

Souvent en plus d’un coup de coeur artistique, il y a un coup de coeur humain. Je suis contente de travailler avec des gens chouettes. Ça m’est arrivé d’apprécier des artistes sur scène mais que le courant ne passe pas du tout humainement par après. J’ai un rapport particulier avec tous les artistes qui sont chez Lagon Noir. Certains sont assez autonomes et moi je suis là en renfort sur des points clés, comme aller chercher des partenaires professionnels pour sortir un disque ou bien un attaché de presse… Donc un rôle plutôt de pivot. À côté de ça il y en a qui vont me solliciter tous les jours, qui ont besoin d’avoir un avis extérieur au leur pour quasiment toutes leurs décisions. Tout ça, c’est ce que j’apprécie dans mon travail, c’est que je ne fais jamais la même chose de la même façon. Ça varie vraiment en fonction des artistes dont il sera question.

Quels sont les projets sur le feu chez Lagon Noir ?

Nous avons plein de projets pour 2021/2022, ça se bouscule ! Pénélope sort son premier album le 8 octobre là.

Il y a Steve Amber qui vient d’annoncer la sortie d’un premier album en mars-avril 2022. Et il y a S.B.R.B.S, qui fait depuis quelques temps des sorties au titre par titre et qui va enfin sortir un album également en 2022 (un premier single devrait sortir courant novembre).
Blackbird Hill est en train de préparer son deuxième album. Pour eux ça a été dur car le premier est sorti mi-février 2020, il eu un petit écho intéressant côté médias et publics. Ils ont eu de chouettes chroniques etc.

On a pu faire une belle release party au Krakatoa. Et là tout s’est arrêté alors qu’il y avait une trentaine de dates qui était prévues, avec un peu d’étranger et tout donc on s’est fait couper l’herbe sous les pieds. Mais c’est pas grave, ils remontent en selle ! On va recommencer (rires).

Et puis enfin la petite nouveauté c’est qu’on a co-produit un spectacle pour le jeune public avec Arema Rock&Chanson. Il s’appelle Léa et la boîte à colère et il s’adresse aux enfants de 4 à 7 ans. Je suis ravie d’avoir cette nouveauté 🙂

On garde la motiv, c’est un message important !

Carrément !

sortie promo pénélope le rayon du rim
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INTERVIEW • Monsieur Le Rayon

Manu, chargé de la promotion et de la distribution des disques Le Rayon

Emmanuel est la figure de proue du Rayon. C’est lui qui centralise les disques produits par les labels néo-aquitains et les distribue dans nos points de vente partenaires. Au volant de son van et son bac à disques sous le bras, il parcourt la région pour rencontrer celles et ceux qui font vivre la musique indépendante, et déposer près de chez vous toutes leurs pépites sonores.

Pour le rencontrer, devenir partenaire Le Rayon ou juste lui envoyer un mot doux : emmanuel . castel @ le – rim . org