Bolzed · Lauréat du XL Tour

Bolzed, Lauréat du XL Tour

Le Rayon te propose de partir à la rencontre des passioné·e·s qui font vivre la musique en Nouvelle-Aquitaine. Entre circuit-court, développement de projets artistiques locaux et promotion des talents de la région, on t’invite à prendre le café avec les pros du microsillon.

Aujourd’hui Le Rayon te présente Bolzed, groupe de rap lauréat du XL Tour. Grâce à ces deux années d’accompagnement, ce duo d’amis a pu se professionnaliser et on même fait une tournée de quelques salles de concert. Ils nous racontent comment ça s’est passé.

Pouvez-vous vous présenter et nous parler de Bolzed ?

Nous c’est Bolzed, un groupe de rap composé de Tarf et Jib. On l’a créé il y a 6 ans, et on a sorti 4 EP, dont 2 disponibles sur les plateformes de streaming : Dernier Secret et Dernier Regret.

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Comment avez-vous entendu parler du XL Tour ?

On est tombé sur un article sur Facebook, la présentation se faisait dans notre ville, à Tarnos.

Qu’est-ce qui vous a motivé à participer ?

Étant un jeune groupe en quête de professionnalisation, l’appui des structures musicales locales nous semblait indispensable pour la suite de notre aventure.

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Quel souvenir gardez-vous de votre participation en 2019 ?

Nous gardons le souvenir de très bonnes rencontres, une super soirée animée de plusieurs concerts. On se souviendra longtemps de cette date pilier pour nous.

Un bon conseil pour les futurs participants ?

Croyez en vous plus que jamais, peu importe votre style ou votre horizon musical, écoutez les conseils des professionnels du milieu et prenez du plaisir.

Comment se sont passés ces 2 ans ? Qu’est-ce que vous a apporté ?

Le XL Tour nous a beaucoup aidé sur plusieurs points. Déjà, la structure du groupe (inscription à la SACEM, création d’une association) ou  bien les concerts avec des répétitions ou résidences avec des intervenants du milieu. Nous avons eu des cours de chant et ils nous ont aidé pour décrocher des dates importantes de concert.

Une tournée s’est ensuite organisée. Nous avons pu jouer dans 5 SMACs de notre région dans les conditions réelles d’une tournée d’artistes confirmés. Nous sommes parties en mini bus faire 5 concerts en 5 jours. Une aventure incroyable.

Au final, cet accompagnement nous aura apporté du professionnalisme sur tous les points de notre activité, de la rigueur et nous avons à présent pleinement conscience de ce que représente le métier d’artiste.

Et vous, vous écoutez quoi en ce moment ?

Bekar, So la Lune, Lomepal, Luv Resval, Lujipeka, Caballero & Jean Jass, Josman, Orelsan etc…

Des projets sur le feu ?

Nous bossons actuellement un nouveau projet sur Paris, accompagnés d’un producteur, d’acteurs confirmés de la scène rap. Il verra le jour courant 2022.

Quel est le meilleur conseil qu’on vous ait donné ?

Le meilleur conseil a été de garder notre noyau solide quelque soit le chemin emprunté.

 Et pour finir, une question qu’on ne t’a pas posé à laquelle tu aimerais répondre ?

Trouvez-vous que la situation actuelle (COVID) est une mauvaise situation ?

Vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise situation. Moi, si je devais résumer ma vie aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres, des gens qui m’ont tendu la main, peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j’étais seul chez moi. Et c’est assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée… Parce que quand on a le goût de la chose, quand on a le goût de la chose bien faite, le beau geste, parfois on ne trouve pas l’interlocuteur en face, je dirais, le miroir

qui vous aide à avancer. Alors ce n’est pas mon cas, comme je le disais là, puisque moi au contraire, j’ai pu ; et je dis merci à la vie, je lui dis merci, je chante la vie, je danse la vie… Je ne suis qu’amour ! Et finalement, quand beaucoup de gens aujourd’hui me disent « Mais comment fais-tu pour avoir cette

humanité ? », eh ben je leur réponds très simplement, je leur dis que c’est ce goût de l’amour, ce goût donc qui m’a poussé aujourd’hui à entreprendre une construction mécanique, mais demain, qui sait, peut-être seulement à me mettre au service de la communauté, à faire le don, le don de soi…

Pour suivre l’actu de Bolzed :

Pierre-Johann · Directeur artistique de Kontainer

Pierre-Johann, directeur artistique de Kontainer

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Aujourd’hui Le Rayon te présente Pierre-Johann aka Pierre-Yo, directeur artistique de Kontainer. Situé dans les Landes, Kontainer est un lieu pluridisciplinaire dans lequel tout un tas de gens différents peuvent travailler ensemble. Résidences artistiques, co-working, ateliers, et tant de choses encore, …

Découvre Kontainer :

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Leurs réseaux sociaux :

Sabors discos · 20 ans

Sabor Discos fête leur 20 ans cette année

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Aujourd’hui Le Rayon te présente Sabor Discos.  Ce label de musique associatif  a pour but premier de développer les échanges culturels, musicaux essentiellement, entre l’Amérique Latine et l’Europe. Il fête leur 20 ans cette année, ils nous racontent. 

Salut Sabor Discos, vous pouvez vous présenter ?

Hervé : Bonjour, je m’appelle Hervé. Je suis originaire de Bayonne et je travaille comme discothécaire à la médiathèque départementale des Landes à Mont-de-Marsan. Je connais mon collègue Cédric depuis le début des années 90 quand nous étions tous les deux étudiants à Toulouse, lieu de notre rencontre et début d’une forte amitié. Nous étions passionnés de musique (disques, concerts, festivals, émission radio sur radio Campus, interviews, fanzines…) avec un engouement privilégié pour ce qui s’est appelé « la troisième vague ska » qui fut mondiale.

Cédric : Je suis charentais, région de Cognac, professeur d’Histoire et de Géographie en lycée en section binationale (français-espagnol). Après nos études à Toulouse j’ai pu partir professionnellement dans le cadre de la coopération au Mexique et j’ai alterné pendant 20 ans entre l’Amérique latine (Mexique donc, Equateur, Guatemala) et les DROM (Guyane, Guadeloupe). Je suis rentré en France et Charente en 2017. Et c’est suite à mon départ en Amérique latine que nous avons eu l’idée de créer ensemble l’association Sabor qui gère le label Sabor Discos, il y a 20 ans cette année ! 

Pouvez-vous nous en dire plus sur Sabor Discos ?

Hervé : Notre label associatif est donc né de l’envie de faire connaître de nombreux groupes latino-américains avec lesquels nous étions en rapport, notamment Cédric qui vivait sur place à l’époque. Dans le même temps nous avions des exemples d’amis qui faisaient des choses similaires : Manu avec Patate Records et ses compilations Let’s Skank (qui était aussi le nom de son fanzine !), ou bien le groupe Skunk d’Hendaye avec leurs disques et compilations sur Skunk Diskak. Nous avons eu envie de faire la même chose en mettant en avant des artistes différents et une scène méconnue à l’époque.
L’association s’est formée autour de quelques personnes avec des compétences en webmastering, en dessin et infographie, des DJ’s… avec une ligne musicale orientée sur les styles ska-reggae, salsa-cumbia et rock latino métissé. On aime les échanges culturels et les métissages, les rencontres humaines et musicales, les voyages et les exemples populaires de vie locale, particulièrement la bonne cuisine et les saveurs épicées ! Cela se ressent je crois, dans nos esthétiques, notre logo et notre catalogue.

Cédric : En effet, on était aussi fan de la scène latino festive et j’ai très rapidement rencontré dans les bars et festivals latino-américains, des groupes très influencés par la Mano Negra avec cette idée « si des Français mélangent du rock avec des musiques plus traditionnelles, pourquoi pas nous ». Et donc les années 2000-2010 ont vu avec un temps de retard sur la France se développer les fusions musicales telles que le ska rock latino, la cumbia rap, cumbia-rock, reggaeton, salsa rock…. et nous nous sommes dits que ce serait bien de faire connaître ses artistes en Europe. Nous avons essayé de faire venir des groupes au tout début mais c’était très difficile de monter des tournées rentables pour eux, nous avions peu de contacts et c’était surtout chronophage pour nous, nous avions nos propres métiers. Personne n’a jamais été salarié dans notre asso, du coup tout le travail pour le label de disque s’est toujours fait sur notre temps libre, donc beaucoup de soirées y ont été consacrées, et ce n’est pas fini, sauf que maintenant on a aussi des familles ! Mais l’envie reste intacte et voir des artistes tourner, des gens apprécier leur musique, les rencontres comme disait Hervé et les voyages nous empêchent d’arrêter. Nous avons aussi survécu aux phénomène de mode : si des labels, distributeurs et autres bookers avec qui on travaillait ont aujourd’hui disparu car les esthétiques latino-festives alternatives et ska sont retombées dans l’oubli (où sont les nouveaux Spook And The Guay , Ruda Salska, Marcel Et Son Orchestre, Zebda, Moon Hop, Kargol’s, ASPO, K2R Riddim…. ) et qu’il n’étaient pas associatifs, aujourd’hui nous avons trouvé de nouveaux partenaires motivés (distribution, booking…) : Waaahcool Agency, Satélite K, Yearning Music, R3dline, Producciones Vikingas… Et donc nos valeurs c’est l’objectif de l’asso : l’ouverture vers de nouveaux horizons non seulement musicaux mais donc gastronomiques et de nouvelles rencontres. De nouvelles amitiés sont nées avec des artistes latinos avec qui je suis très régulièrement en contact (des Mexicains, des Guatémaltèques, des Argentins…)

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Comment est-ce que vous repérez les groupes que vous accompagnez ?

Hervé : A la base, il y a beaucoup de curiosité et d’appétit pour la scène ska reggae latino mais aussi les fusions autour de la cumbia et de la salsa avec du rap, du reggae ou autres… Nos rencontres se sont souvent faites autour de concerts que ce soit en Amérique Latine pour Cédric ou en Europe. Avec l’arrivée d’internet les choses ont été beaucoup plus faciles pour s’écrire et échanger des documents. Avant les amis, les groupes nous envoyaient régulièrement des démos, des disques, des contacts… avec parfois des colis et courriers qui se perdaient. Le mail reste le moyen de communication privilégié à présent pour travailler avec des groupes et des artistes dans nos esthétiques musicales.

Cédric : Nous continuons de recevoir pas mal de propositions et aussi du son à diffuser. Nous sommes sollicités et cela fait toujours plaisir, mais dès le début on expliquait aux artistes que l’on était une petite structure que l’on ne leur promettait pas monts et merveilles. Mais on a toujours eu 3 piliers : la diffusion via nos programmes radio (celui d’Hervé a plus de 20 ans sur radio MDM, moi j’en ai eu plusieurs dans les différents endroits où j’ai vécu), l’édition d’albums et de compilations, l’aide aux tournées des artistes. Et donc dès que l’on se rendait compte qu’un artiste avait du potentiel on le renvoyait directement sur une structure plus professionnelle que nous, notamment Ubersee Records en Allemagne, aujourd’hui disparu mais qui a édité et fait tourner plusieurs fois en Europe des groupes avec qui nous travaillions. Par contre aujourd’hui la situation fait que nous recevons donc beaucoup de son par internet et nous diffusons ces artistes via nos émissions, on renvoie vers des partenaires qui pourraient être intéressés. Il nous ai plus difficile avec la COVID19 et la situation du secteur de la musique de leur proposer une édition d’album et des tournées. Rappelons aussi que nous restons très attachés au concept d’album, à l’objet avec sa pochette et que nous éditons du cd et du vinyle mais déléguons la partie digitale qui nous intéresse bien moins. Donc Sabor Discos a une petite réputation en Amérique latine notamment et nous sommes sollicités par des artistes.

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L’indépendance et le local sont des valeurs importantes pour Sabor Discos, vous pouvez nous en dire plus ?

Hervé : Oui effectivement, on tient à notre indépendance et à nos valeurs humanistes par respect pour les artistes avec lesquels nous travaillons en premier lieu. Nous essayons de répondre au mieux à leurs exigences dans la mesure de nos moyens. Ensuite pour le local, c’est parce que nous ne sommes pas des citadins dans l’âme, on aime bien la vie campagnarde et de petite ville provinciale. Pour nous c’est plus facile de mettre en place des actions locales, de fédérer des personnes sur un projet et nombreux sont les talents dans nos campagnes ! Nos « cités » étant à taille humaine, on se rencontre plus souvent, on se connaît mieux et c’est plus facile d’organiser une soirée ou un concert entre plusieurs assos par exemple. Il y a peu de « concurrence » sur un événement culturel aussi puisque de facto il y en a moins. Le télétravail et la période de crise sanitaire que nous venons traverser nous confortent dans notre volonté de rester loin des grosses métropoles régionales, sans parler de nos quotidiens personnels faits de circuits courts, de bio local… Notre distributeur national est basé près de Tarbes. Puis voici deux citations qui nous inspirent dans nos projets : « Le local, c’est l’universel moins les murs » (Miguel Torga) et « Penser global, agir local » (Jacques Ellul).

Cédric : J’ai vécu dans des villes immenses telles que Mexico, et j’ai beaucoup apprécié malgré la pollution, le bruit incessant, l’insécurité mais le retour en Charente a été un vrai plaisir. Je suis en train de refaire tout mon carnet d’adresse car les bars, les asso qui existaient quand je suis parti il y a plus de 20 ans, ne sont souvent plus là. Mais la crise COVID19 m’a stoppé dans mon élan. Hervé et les autres membres de l’asso étant à Mont de Marsan, ils ont mis en place depuis de nombreuses années des événements : salon du disque, soirée « DJ de Daube », concert en partenariat avec le caféMusic’…ET donc depuis mon retour un de mes objectifs est de refaire un petit réseau permettant de faire la même en Charente.

Quels sont les professionnels qui vous entourent pour accompagner ces groupes ?

Hervé : Nous avons la chance de pouvoir collaborer avec quelques tourneurs, labels de disques ou musiciens de groupes français, espagnols ou allemands. C’est un réseau fluctuant qu’il faut toujours maintenir en activité comme le disait Cédric. Cela nous permet de faire des échanges de campagne promotionnelle, des échanges de disques, d’étoffer les concerts des tournées des artistes. Nous avons travaillé un temps avec Benoît basé à Pau qui a fait tourner toute la scène alternative de Barcelone notamment le groupe Che Sudaka en France mais aussi la Rocola Bacalao d’Equateur. Nous n’avons plus de booking attitré actuellement et collaborons avec différentes agences telles que Dionysiac, Yearning, R3dline… Nous sommes distribués en France par Waaahcool Agency et en Espagne par Satélite K. Nous espérons avoir une distribution en Allemagne sous peu.

Cédric : Nous faisons donc beaucoup d’échanges avec des labels étrangers associatifs comme nous, des Etats-Unis, d’Allemagne, d’Angleterre, du Japon, d’Equateur et même français car l’idée est de faire un réseau de diffusion, d’entraide… En terme de tournée aussi nous avons des contacts avec des booking étrangers que ce soir en Europe ou en Amérique latine. En ce qui concerne les presseurs, les fabricants, nous avons des partenaires privilégiés mais régulièrement nous en essayons de nouveaux, essentiellement en France et en Espagne. Les infographistes varient suivant les artistes car certains ont des idées très précises et d’autres font confiance avec ceux avec qui nous travaillons, idem pour le mastering. Donc cela peut être des membres de l’asso (nous avons donc le webmaster dont c’est le véritable métier, nous avions un infographiste, et un ingé qui s’occupe du mastering). Le RIM aussi est important pour nous même si nos métiers nous empêchent souvent d’assister aux rencontres. Nous sommes en contact permanent avec Emmanuel pour le Rayon, avons reçu de nombreux conseils et soutiens ces dernières années.

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Un évènement marquant du label dont vous aimeriez nous parler ?

Hervé : On a réalisé un cd et dvd intitulé Solidario au profit de Club Quetzal, une association montoise qui œuvre pour la scolarisation d’enfants des communautés indiennes vivant autour du lac Atitlan au Guatemala. C’était vraiment un projet enthousiasmant et c’était notre premier format DVD aussi en plus du cd compilation. Le groupe argentino-colombien Che Sudaka de Barcelone a donné le titre Mentira Politika, une super cumbia festive avec un texte revendicatif et encore inédite à l’époque. Ils sont venus ensuite jouer à la Peña El Juli (dont les bénéfices sont répartis entre Club Quetzal, Unicef et les Restos du Cœur) pour les fêtes de la Madeleine 2008 à Mont-de-Marsan. Et ça a été une belle soirée qui a convaincu Alain, le programmateur de l’époque du festival Musicamas à la peña, de faire tourner ce type de groupe au styles musicaux métissés.

Cédric : C’est vrai que Sabor Discos c’est aussi des disques solidaires : Solidario donc mais aussi Resto Pollo Rico 3 au profit de l’association franco-équatorienne Ecuasol dont je suis membre et qui soutient les enfants des bidonvilles de Quito, mais aussi Puente Atlantico à nouveau au profit de Club Quetzal… La solidarité c’est primordial à tous les niveaux.
Je n’ai pas en tête véritablement d’événements marquants si ce n’est quand, habitant au Guatemala, je suis allé visité la salle informatique que nous avons pu équiper dans une école du lac Atitlan grâce aux bénéfices des ventes de Solidario. C’était du concret. Souvent on ne sait plus où va l’argent des dons que l’on fait et je le dis à chaque fois aux gens qui achètent encore le disque, que je sais où va l’argent, j’y suis allé ! Un autre élément marquant quand même c’est quand Sergent Garcia un artiste de renommée internationale nous a demandé de sortir un disque alors que nous étions fan depuis toujours. Et cette belle rencontre permet d’éditer cette année pour la première fois en vinyle son album « Una y Otra Vez » nominé au Latin Grammy Award. Donc pour moi ce sont des rencontres avec des artistes tels que Manu Chao qui nous a donné gratuitement l’autorisation d’utiliser un de ces titres en remix, les Flor del Fango que l’on bassinait depuis 2006 pour qu’ils se reforment et nous fassent cadeau d’un nouvel album…

C’est vos 20 ans, en 3 mots qu’avez-vous envie de fêter ?

Hervé : En trois mots, c’est assez difficile car c’est une année intensive pour nous ! On a commencé 2022 avec la promotion des différents singles issus de notre dernier 33 tours : Dancehall On Jamaica Avenue de Supa Bassie, tchacheur reggae de Valencia en Espagne et musicien de Sergent Garcia. On est en train de finaliser la fabrication de l’album Una Y Otra Vez du Sargento justement, à l’époque uniquement sorti en cd digipack chez Cumbancha Records. Même chose pour le nouvel album du groupe Sidi Wacho, Calle Sound System, qui sortira en format LP uniquement lui-aussi. Ces deux albums sont programmés pour juin dans le cadre de la manifestation Disquaire Day. Après l’été, les Che Sudaka fêteront aussi leur 20 ans d’existence avec la sortie d’un livre, Sin Fronteras (sans frontières) écrit par Antonin Vabre et Mingus, dont nous sommes partenaires en aidant à la fois à la promotion, à la diffusion et à organiser des rencontres dédicaces. En octobre, nous prévoyons la sortie du disque Un Nuevo Sol d’Hentrenamientoh, un groupe chilien de cumbia rap désormais basé à Barcelone, qu’on va faire venir en tournée. Enfin, nous allons collaborer avec le caféMusic’ pour organiser une soirée concert anniversaire de Sabor Discos avec Sidi Wacho et Supa Bassie en novembre si tout va bien. S’ajoutera une soirée festive similaire si possible fin 2022-début 2023 en Charente. Donc pour résumer nos 20 ans en 2022, c’est le mot challenge qui nous parle le plus ! Challenge de mener de front les activités du label avec nos vies familiales, professionnelles, associatives et culturelles. Challenge de boucler tous nos projets financièrement sans trop rajouter de nos poches personnelles. Challenge de valoriser chaque projet et d’en faire une bonne promotion même si nos moyens sont limités. Challenge de créer des opportunités (rencontres culturelles ou scolaires, concerts, distribution et diffusion) pour les artistes avec lesquels nous travaillons !

Cédric : Je crois que Hervé a tout dit. Je rajoute qu’en effet en tant que prof, j’ai commencé et je vais continuer à faire venir des artistes dans mes cours pour des projets plus ou moins importants : simples rencontres ou véritables ateliers sur plusieurs jours et notamment les Che Sudaka, la jeune chanteuse maya guatémaltèque Sara Curruchich qui vient régulièrement en Gironde, dans les Landes en concert et en résidence, Hentrenamientoh… Il nous faut renforcer nos liens avec les librairies de la région et notamment grâce au Rayon.

Et comment voyez-vous le label dans 20 ans ?

Hervé : Avec une année moins chargée pour les 40 ans du label j’espère ! Nous avons l’habitude de sortir un disque par an en moyenne, le temps que les ventes du disque paient le prochain. En 2042, on sera sans doute toujours actif avec un catalogue étoffé d’une petite vingtaine de disques ! On ne cherche pas à grossir dans le business musical, on veut juste faire les choses bien tout en développant des rencontres humaines et musicales.

Cédric : Nous avons déjà édité 23 albums mon cher Hervé donc combien en plus, je ne sais pas. Sera-t-il encore envisageable de sortir des supports physiques d’ailleurs car ce qui nous intéresse comme je le disais c’est l’objet, le concept d’album, les explications dans le livret, la signification des pochettes, des images. En tout cas on continuera sans doute la diffusion à la radio, d’aller rencontrer des artistes, c’est notre passion. Et puis les enfants seront grands donc peut-être aura-t-on plus de temps !!!

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Y a t’il une chose à faire absolument avant de monter son label ? Et au contraire une chose à éviter ?

Hervé : Je pense qu’il est bien de connaître le milieu musical au minimum, donc pourquoi pas faire des stages dans différentes structures, le RIM par exemple, ou une salle concert, ou une radio, ou un label, ou une agence de booking… S’engager comme bénévole dans une association ! C’est bien d’avoir une vision large de tout le business musical, de rencontrer différents acteurs de ce dernier et aussi des artistes. C’est comme enrichir son vocabulaire, toute expérience est bonne à prendre.
Dans les choses à éviter, voir trop grand et rester raisonnable. Je me souviens qu’au tout début du label, nous avions sorti des disques d’artistes latino-américains qui n’ont pas pu venir jouer ici pour différentes raisons. Du coup, c’est difficile de vendre des disques si l’artiste n’est pas présent pour défendre son projet musical sur scène… Ils nous reste pas mal de cartons en stock au grenier ou dans le garage !

Cédric : A part la radio et la passion pour la musique je n’avais aucune expérience dans le domaine musical lorsque l’on a monté Sabor Discos. Mais nous étions plus jeunes donc volontaires et dynamiques, plus nombreux aussi. Là nous avons régulièrement des services civiques qui nous donnent un coup de main et apprennent des choses, donc c’est un plus. En effet au début nous pensions faire quelque chose de plus grands car il y avait des artistes soit avec du grand potentiel soit déjà des stars dans leur pays et nous n’avons pas compris pourquoi nous n’avons pas pu les faire davantage connaître ici : Les Rabanes (groupe phare du Panama, Latin Grammy Award, chez Sony), Desorden Publico (qui remplissait des stades de 50000 personnes au Venezuela, et de nombreuses salles en Amérique latine, et avait même jusqu’à 28 dates en un mois en Allemagne et seulement 2-3 en France), et d’autres encore… Nous avions aussi repéré puisque j’habitais sur place l’essor futur du reggaeton et avions hésité à nous lancer dedans à l’époque puis cela a explosé en Europe. Mais finalement ce n’était pas complètement notre esthétique mais intéressant en tant que nouveauté. Les radios étaient aussi plus ouvertes à la nouveauté, diffusaient davantage, il ne fallait pas payer !!!! Aujourd’hui d’excellents artistes tels que Sidi Wacho ne sont quasiment pas diffusés et ne comptent que sur les concerts et les réseaux sociaux !!!

Comment définiriez-vous votre relation avec les artistes ?

Hervé : Respectueuse principalement, amicale ensuite. On fait toujours en sorte que l’artiste ait une vision globale de ce qu’on peut lui apporter avant qu’il signe son disque avec nous : nos possibilités comme nos limites qui sont surtout financières. Le disque se construit ensemble, nous arrivons à l’étape du mastering, de l’infographie, du pressage, de la communication et de la distribution.

Cédric : En effet les artistes sont certes moins visibles avec nous qu’avec d’autres labels de par nos faibles moyens mais restent propriétaires de leur œuvre (nous ne faisons que des contrats de licence), ont davantage de liberté, et des liens de respect et souvent amicaux naissent. L’idée reste pour nous de servir de tremplin pour leur carrière ou pour ceux dont elle n’est plus à faire comme Flor del Fango ou Sergent Garcia c’est la confiance et l’amitié qui priment.
Comme je le dis souvent, si nous recevons encore pas mal de demandes d’Amérique latine pour éditer des albums, c’est parce que nous avons toujours été réglo. Tous les artistes d’Amérique latine ont reçu leurs royautés, leurs disques même s’il ne s’agit que de 50 euros. Alors que certains d’entre eux nous disent qu’ils n’ont jamais rien reçu d’autres labels ou distributeurs européens.

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Quels conseils donneriez vous à un groupe de musique qui se lance ?

Hervé : D’être créatif ; de beaucoup, beaucoup répéter (le travail, y’a pas de secret) ; de tourner le plus possible. La scène, c’est vraiment formateur ! Les connexions arriveront petit à petit.

Cédric : la communication aussi car de très bons groupes n’arrivent pas à percer faute de communication et de formatage imposé. Faites-vous d’abord plaisir car peu de gens vivent de la musique donc il ne faut pas non plus se faire un film.

Quels sont les projets à venir pour Sabord Discos ?

Hervé : Un peu de repos en 2023 ? Lever le pied, sûr, le temps que les ventes renflouent les caisses. On aimerait bien aider à ce que Sidi Wacho soit programmé sur le Sakifo Festival à la Réunion car on est persuadé que leur gouaille, leur humour et discours politique fera mouche sur place. Le groupe représente un beau métissage de personnes et musical aussi !
Faire collaborer une agence de booking française avec Hentrenamientoh. Cédric prépare un voyage en Argentine, moi j’aimerais bien retourner en Colombie et au Québec, Inch’Allah. C’est toujours l’occasion de nouvelles connexions sur place et de découvertes artistiques. Ce serait bien aussi d’avoir l’occasion de voir un concert de Santa Fe Clan dans le DF (à Mexico) par exemple, c ‘est le groupe qui cartonne bien au Mexique en ce moment. Mais à défaut, on ira au Pays Basque ou en Espagne cet été, c’est plus facile avec les enfants !!!

Cédric : Comme Hervé le dit on sort d’habitude un disque par an et cette année si on compte depuis fin 2021 ce sont pas moins de 4 albums, un livre, des partenariats avec des festivals et des artistes (Steff Tej et Ejectés), notre propre soirée d’anniversaire Sabor Discos qui sont en route. Par ailleurs, et on remercie énormément le RIM pour cela, si on peut faire tout cela, c’est grâce au prêt à taux 0 que nous avons obtenu et que nous devons rembourser pour la fin de l’année. Donc c’est une priorité mais les pré-commandes de Sergent Garcia et de Sidi Wacho sont de bon augure pour la suite. Nous savons que nous mettrons plus de temps pour écouler l’excellent album reggae rub-a-dub de Supa Bassie ou la fusion cumbia-rap-ska de Hentrenamientoh.

Une personne, une asso, un collectif avec lequel vous aimeriez travailler ?

Hervé : On aimerait bien faire venir Manu Chao en concert au moins deux soirs de suite aux arènes de Mont-de-Marsan. Ce serait chouette de pouvoir y mettre des groupes de notre label en première partie comme Hentrenamientoh par exemple, qui ont enregistré une chanson avec lui, ou les Che Sudaka qui jouent avec lui dans la rue à Barcelone. Deux soirées minimum, comme ça les bénéfices d’une irait à des associations humanitaires comme Club Quetzal, SOS Méditerranée ou autre. Mais pour l’instant, on n’a pas les reins assez solides pour une aventure de ce type ! On aimerait bien faire un album style Fermin Muguruza & Friends mais c’est compliqué… à voir déjà si on arrive à le faire venir pour présenter son nouveau film Black Is Beltza 2 avant la fin de l’année !

Cédric : Les Argentins Los Fabulosos Cadillacs, un groupe phare d’Amérique latine, qui a commencé dans les années 80 à faire du ska en voulant imiter Madness… et qui a vu sa musique évoluer en s’essayant au jazz, au rock, à la musique latine et en terminant il y a quelques années par un album opéra. On a failli les faire venir en France il y a quelques années mais ces vétérans véritables icônes de l’Argentine jusqu’aux Etats-Unis ne se retrouvent désormais que pour quelques concerts par an. J’ai eu la chance de les voir en concert au Mexique devant un public acquis et cela change tout.
C’est vrai qu’un projet avec Fermin nous tient à cœur même si cela avance très lentement et puis enfin on souhaite aussi continuer avec d’autres assos humanitaires qui bossent avec l’Amérique latine.

3 morceaux que vous recommanderiez aux lecteurs ?

Hervé : Parmi les artistes avec qui nous travaillons, partons sur trois cumbia rapées du coup :

SERGENT GARCIA ft LILIANA SAUMET – MI SON MI FRIEND, une chanson célébrant les relations humaines et privilégiant ce qui nous enrichit, tout en invitant à la danse !
SIDI WACHO : LEJOS DE CASA, La bande son de l’exil (Loin de la maison) raconte en musique le déracinement, la nostalgie, la tristesse, mais aussi la fête et les rires des exilé.e.s !
HENTRENAMIENTOH : FLOR DE POBLACION, Un hymne aux gens des quartiers des grandes villes du Chili, au petit peuple d’origine indienne et bonnes énergies qui sortent de ces quartiers populaires.

Cédric : Pour moi il y a aussi les DESORDEN PUBLICO avec par exemple le titre LOS QUE SE QUEDAN LOS QUE SE VAN qui parle des émigrés vénézuéliens car on ne sait pas souvent que les Venezueliens (jusqu’à cette crise ukrainienne) forment la deuxième plus grande cohorte de gens fuyant leur pays derrière la Syrie avec près de 6 millions selon l’ONU. Et donc c’est un hommage à tous ces gens partis refaire leur vie ailleurs mais sans oublier leur pays d’origine.
Il y a aussi ce très beau titre de FLOR DEL FANGO (ex Mano Negra, Parabellum…) : JE LAISSE VENIR qui reste sur la même thématique de l’exil mais cette fois notamment l’arrivée de la chanteuse espagnole dans le Paris cosmopolite des années 70-80. J’ai des frissons à chaque fois que je l’écoute !
Et je terminerai par un groupe de salsa français, un excellent groupe parisien qui sait jouer tous les styles de salsa et même fusionner ces rythmes cubains avec d’autres. Nous avons sorti leur premier album en 2005 je crois et ensuite cela nous a donné envie de sortir le première compilation de salsa française avec des groupes de l’hexagone. IL s’agit de OCHO Y MEDIA avec ATLETICO, un titre mambo avec des scratch parlant de sport, très dansant.

Vous animez  une radio aussi ?

Hervé : Bon Cédric en a parlé brièvement sans avoir la question mais c’est notre émission radio ! On anime une 1h d’émission musicale toutes les semaines sur Radio MDM, le mercredi à 11h et rediffusion le samedi à 19h. Sur un mois la première semaine tourne autour des musiques latines et métissées, la suivante est plutôt reggae, ensuite c’est l’émission ska, et enfin soit c’est une autre émission reggae ou alors soul-funk-afrobeat en fonction des nouveautés. L’émission Black Super Market (nom clin d’oeil à The Clash !) existe depuis 1991 sur différentes radios : Campus Toulouse, Anglet FM, Pau d’Ousse et enfin Radio MDM depuis décembre 1998 ! C’est toujours un réel plaisir de diffuser les derniers titres sortis, de réaliser des rétrospectives, des interviews, des annonces concerts… de partager nos coups de cœur musicaux et de faire du lien tout simplement ! Player, podcasts et playlists sur www.radio-mdm.fr

Pourquoi ce fort intérêt pour l’Amérique Latine et le Ska ?

Cédric : Je suis la génération Mystérieuses Cités D’Or et que depuis 8 ans je voulais y aller et le ska avec la seconde vague, la fameuse vague anglaise Two Tone que nous avons connue enfants avec Madness, The Specials, The Beat, The Selecter. ET finalement avec ses bases là, la Mano Negra et la découverte des Desorden Publico et Fabulosos Cadillacs dans les années 90, nous avons pu nous ouvrir davantage aux fusions qui n’arrivaient pas jusque à nous en Europe à l’époque.
Et puis aussi concernant les tournées, on essaie donc de manière tout aussi bénévole de trouver des lieux pour que les artistes avec qui nous travaillons jouent un maximum sur scène, donc comme nous n’avons pas trop abordé ce thème, si nos esthétiques parlent à des tourneurs, salles, bars… qui lisent cet article, n’hésitez pas à nous contacter et à aller sur la page promo du label sur le site du RIM !

Pour finir, quel est le meilleur conseil qu’on t’ait donné ?

Hervé : Être honnête dans nos relations avec les intervenants de la chaîne du disque !

Cédric : oui l’honnêteté et la tolérance sont deux de mes valeurs. J’aime bien aussi dire à mes élèves que « plus ils sauront de choses, plus ils seront libres, libres de leurs choix dans leur vie ».

PORTRAIT · Stéphanie · Libraire à l’Encre et la Boussole

Stéphanie, libraire à l’Encre et la Boussole

Le Rayon te propose de partir à la rencontre des passioné·e·s qui font vivre la musique en Nouvelle-Aquitaine. Entre circuit-court, développement de projets artistiques locaux et promotion des talents de la région, on t’invite à prendre le café avec les pros du microsillon.

Aujourd’hui Le Rayon te présente Stéphanie, libraire à l’Encre et la Boussole à La Tremblade (17).

La librairie l’Encre et la Boussole est une librairie généraliste indépendante avec environ 4 500 livres. Vous y trouverez les nouveautés et les classiques de nombreux auteurs, des livres en anglais, des livres-audio. De nombreux éditeurs indépendants sont représentés  pour favoriser la diversité de choix. C’est l’un des critères de la charte de librairies indépendantes.

Qui es-tu ? Peux-tu te présenter rapidement ?

Stéphanie, libraire depuis 6 ans, sonothérapeute depuis 6 mois ! J’aime les voyages et l’art sous toutes ces formes (la littérature, la calligraphie, la photo, la peinture, la musique, la danse…). Et j’adore les défis, le dernier est de lier la musique (et les instruments de divers pays) et le bien-être d’où ma formation en sonothérapie.

Un joli mariage entre culture et bien-être que je tente de développer dans un lieu un peu reculé de Charente-Maritime !

Peux-tu nous raconter l’histoire de ta boutique ?

Une librairie-salon de thé que j’ai ouvert il y a presque 6 ans, avec la volonté d’offrir un lieu de culture dans une ville moyenne, plutôt à la campagne, afin que la culture soit accessible au plus grand nombre.

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Peux-tu nous en faire une visite imaginaire ?

Face à l’entrée, les nouveautés, grand format et poche, sur le grand mur à droite, les bibliothèques, rayons littérature française et étrangère, puis la poésie. Le domaine nature/bio, santé, énergétique avec un rayon d’oracles et les livres de spiritualité- bien-être ? Au centre, à proximité des livres, un espace lithothérapie et encens. Puis en se rapprochant du salon de thé en fond de magasin, le rayon jeunesse. Sur les murs du salon de thé, j’accueille des expositions d’artistes locaux. En revenant vers la caisse, près du rayon voyage, le bac « Le Rayon », des bols tibétains. Face à la caisse, les beaux livres, sur la nature et l’art. Et après la caisse, la papeterie fantaisie, et les cartes, autant que possible de fabrication française avec encres végétales.

Pourquoi as-tu voulu accueillir un bac avec Le Rayon ?

Pour rester dans ma démarche de soutenir la diversité culturelle, en faisant découvrir des artistes pas forcément connus et pour le soutien à des interlocuteurs régionaux.

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Est-ce qu’il y a un disque que tu as particulièrement aimé dans ce bac ?

Qu’est-ce qui fait un bon livre selon toi ?

Le livre dont on se souvient longtemps après la lecture avec des images fabriquées qui restent en tête, et la musique que l’on fredonne en boucle après l’avoir entendu une seule fois.

Y a t’il une nouveauté dans ta boutique que tu aimerais recommander ?

« 555 » de H. Gestern, un livre sublime sur la musique justement ! Un magnifique roman qui démarre par le vol d’une partition qui semble très ancienne et qui réunit 5 personnes aux histoires bien différentes. De la poésie, du suspense (jusqu’à la fin !), à découvrir sans hésiter !

PORTRAIT · Laura · Gérante à La Papeterie des Arceaux

Laura, gérante de La Papeterie des Arceaux

Le Rayon te propose de partir à la rencontre des passioné·e·s qui font vivre la musique en Nouvelle-Aquitaine. Entre circuit-court, développement de projets artistiques locaux et promotion des talents de la région, on t’invite à prendre le café avec les pros du microsillon.

Aujourd’hui Le Rayon te présente Laura, gérante de La Papeterie des Arceaux, situé à Grand Brassac (24350). Cette papeterie est un « atelier-boutique hybride et espace de création au milieu de nul part » comme nous dit Laura.

En un seul et même endroit, vous pouvez trouver des livres, une papeterie avec du matériel en vente, des ateliers de papiers animés, gravure sur bois, reliure, et tant d’autres..

Qui es-tu ? Peux-tu te présenter rapidement ?

Rapidement ? Impossible ! (rire)

Je suis réalisatrice « de formation », mais en pratique je suis une artiste qui utilise ses mains et sa curiosité, autodidacte dans de nombreux domaines, rien ne m’arrête, je suis tour à tour et selon les saisons relieuse, tisseuse, papetière, imprimeuse, vidéaste, pédagogue, libraire et (toujours) indépendante et oui ça sonne avec petit salaire, parfois galère, mais aussi dissimilaire et heureuse, je façonne avec ce que j’ai et ce qui m’inspire… avec le soutient de Jean-Christophe Long – auteur graveur et accessoirement mon conjoint – j’avance et je propose « un autrement » à ma sauce.

« Émancipée et sans complexes », ah ! que j’aimerais pouvoir dire que c’est tout moi ! Non, par contre, très vite (c’est relatif) j’ai compris que pour être tranquille, avoir “la place qu’on veut”, refuser la place qu’on nous octroi, ne pas être emmerdée, il faut comprendre l’environnement dans lequel on vit, saisir ses “règles” et ses limites, ses failles, se les approprier, s’en imprégner et les détourner à son avantage sans nuire à qui que ce soit – façon ninja des bois. Je suis (trop) bien éduquée et sais me tenir à carreau si besoin – une arbalète à la main. À côté de ça, j’ai beaucoup (trop) de patience, je passe beaucoup (trop) de temps avec les mots, les images, la musique, j’aime (trop) les jeux !

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90% du temps je suis une grande solitaire qui fabrique des objets uniques (reliures, films, tissages, monotypes, pliages, etc, à la demande de clients privés et publiques), 10% du temps je suis un bulldozer de sociabilité qui laisse une place nette là où je passe.

J’aime créer des liens, accorder, filer et pas qu’en reliure, vidéo ou tissage.

Peut être que je suis une espèce de « handicapée de la société » parce que je vois nettement des aspects que beaucoup choisissent d’ignorer. Ça ne me simplifie pas la vie, mais je fais avec. Je travaille avec, je détourne et pousse à contre courant, si besoin, j’avance à coup de boule dans le vide, toujours un sous-rire affiché ; dans une ville ça passerait certainement inaperçu, ici, c’est différent… C’est pas facile tous les jours (moins de passage ou de visibilité qu’en ville, moins d’interactions quotidiennes, ce qui m’arrange parfois ; même souvent…) mais je ne désenchante pas, ça rend les rencontres et les créations d’autant plus réjouissantes et profondément humaines.

Peux-tu nous raconter l’histoire de ta boutique ?

Un chaos organisé (rire)

La papeterie des arceaux est un résultat de tout ça, de mon engagement politique, social, artistique, loin des discours élitistes, c’est pas qu’une boutique ou un atelier, c’est aussi d’une démarche personnelle qui consiste à repenser l’économie, la politique, la société et comment je fais partie (ou pas) de tout ce qui se passe autour de nous, avec tous les risques que ça engendre – économiques, politiques et sociaux.

Tout ça pour dire qu’après avoir eu un master en « Cinéma expérimental d’animation et arts visuels de l’espace, option reliure et typo » à Bruxelles, avoir bossé par intermittence dans l’enseignement (Français-Anglais langue étrangère, cinéma, art plastique et arts appliqués) en parallèle avec avec un emploi salarié dans une asso culturelle en milieu rural (que j’ai créé en 2006 – ARTicle19), j’ai tout lâché, à commencer par les filets de sécurité et j’ai construit, au sens littéraire et concret (des mois à poser de l’isolation et du placco seule) un espace de création (atelier) et de vente (boutique) qui réunissent tout ce que je sais ou aime faire pour le partager avec les locaux, les curieux de passage ou les ami-e-s habitué-e-s de mes idées farfelues.

Ici les pistes sont multiples avec une base « image/papier » prépondérante – ça tombe bien pour une papeterie-librairie – et le partage des savoirs-faire… tout ce que je fabrique, je le propose en atelier d’initiation. J’invite régulièrement d’autres artistes à compléter la proposition avec leurs univers et savoirs-faire (brasure, céramique, circuit-bending, impro’, lasagnographie, collographie, gravure, bois, photo, musique…) – ce qui me permet aussi de me nourrir les neurones. Parfois, un dimanche à la Papeterie, c’est un TeaTime musical, une performance de street art rural ou impro’ciné à manivelle. Selon les saisons, les affinités et les rencontres.

Peux-tu nous en faire une visite imaginaire?

Dans la boutique, il y a du papier artisanal de grande qualité, des outils d’artiste, des objets uniques faits-main (t-shirts, reliures, gravures, films, livres, des œuvres originales) et une librairie indépendante (je fais aussi parti du FRMK, un collectif d’artistes et maison d’édition Franco-Belge de BD, dont mon conjoint est un des co-fondateurs).

Depuis le début de cette aventure (2017), l’image et le son sont omniprésents et sont le moteur de mon entreprise (au sens « combat »). Et oui l’accès à la culture et à sa pratique reste un combat à réinventer au quotidien, localement, avec un œil sur ce qui se pratique ailleurs… l’art c’est vivant, changeant et ça prend du temps, le temps au rythme des saisons et à échelle humaine en milieu rural, me va très bien. L’atelier est rarement silencieux, la musique fait parti du biotope créatif qui pousse bien par ici, les pieds dans la mare, la tête dans le composte.

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Pourquoi as-tu voulu accueillir un bac à disques le Rayon ?

Le Rayon du RIM est arrivé ici comme beaucoup de choses dans « mon espace rural » : une discussion avec une amie musicienne (Delphine Barbut) à qui je demandais si elle avait des pistes pour avoir plus que de simples dépôts de CD de copains musiciens (mais que je continue à avoir naturellement). Je voulais des choses indépendantes, mais pas bordéliques, du local, mais pas arrêté sur un style, un label ou un circuit, des choses hétéroclites mais abordables, un choix pointu mais accessible et aussi continuer à découvrir des groupes. Delphine m’a répondu « RIM »… J’ai pris contact avec Manu ou c’est peut être l’inverse, il est passé, m’a expliqué et c’est exactement ce que je cherchais… nous étions fait pour nous entendre !

Un disque que tu as particulièrement aimé dans ce bac ?

Ça dépend de la lumière (rire)

Dans le bac du Rayon du RIM il y a de tout et ça, c’est parfait. La musique est aussi variée que mes activités à l’atelier-boutique-librairie. Dans une journée je peux faire 10 choses différentes. J’ai une tendance naturellement punk-rock : It It Anita n’est pas idéal pour faire la compta, mais c’est arrivé. J’aime aussi des ambiances plus planantes, Leila Martial ou Shannon Wright se tissent bien quand je file du papier au rouet à pied, je peux aussi sauter dans tous les sens en nettoyant l’encre et les rouleaux sur un morceau de Sweat Like an Ape, boire un thé avec un nouveau client et Troy VB, prendre le verre de la débauche avec les ami-e-s de passage sur un fond jazz avec Rodolphe Lauretta, imprimer avec Sunbather ou bien encore fignoler des images numériques et commandes d’affiches originales en sifflotant sur Sunflower…

Bref, j’arrive rarement à m’arrêter sur un seul choix. C’est ça la vie, non ? Plein de possibilités – pas simultanément, mais très appréciées à différents moments. Et le RIM y contribue…

Quelle est la dernière sortie qui t’a fait frissonner ?

Le weekend dernier à Toulouse (06/03/22) : IDLES… et l’ énergie était au rendez-vous !

Du show, du son, du militantisme, de l’obstination…ça me parle. J’en ai encore mal à tous les muscles de mon corps ! Et au passage, j’ai découvert Witch Fever, que je vais suivre de plus près…

A quoi ressemble une journée type dans ta boutique ?

Pas de journée type ici, après les « obligations administratives », je vais là où ça se présente, je m’adapte et peux changer de cap à tout moment, c’est souvent calme, rarement sans saveur.

Selon toi, comment trouver la perle rare en musique / littérature ?

Échanger, écouter, rester curieux, tout goûter, comme en cuisine.

J’ai aussi quelques personnes « ressources » qui m’ont rarement déçues dans leurs propositions (Steve Lamacq, Gideon Coe, Marie-Ann Hobbs ou Marc Riley sur BBC6 – d’ailleurs c’est via eux que j’ai découvert la majorité des groupes que j’écoute au quotidien jazz, électro, punk, rock, pop… no limit…) en cuisine je pourrai aussi parler de personnes ressources mais c’est pas la question.

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Si tu avais une chanson à écouter en boucle ?

Mais quelle question… Dans la matinée sont passés par mes oreilles Sprints, Rozi Plain, IDLES, Angel Olsen, Kim Gordon, This is the Kit, Wolf Alice, Sun Ra, Primo, Squid, Shame, Tom Waits, Suicide, Disq, My Octopus Mind, La Jungle, Big Joani, Robert Wyatt, Dream Wife, Margaret Glaspy, Arab Strap, John Coltrane, Peaches, Pottery, Susumu Yokota, Young Fathers, T.Monk, Hen Ogledd, L7, The Kills, Gustaf, Snapped Anckles, Mogwai, MoonDog, Car Seat Headrest, Seaford Mods, Takuya Kuroda, Autechre… pfff …peux pas choisir…

Pour finir, quel est le meilleur conseil qu’on t’ait donné ?

En arrivant dans notre village, on nous a dit « soyez vous-même, ne cherchez pas à plaire à tout le monde » : c’est un sage conseil dans la vie aussi.