LA PETITE POPULAIRE
nous offre le café (culturel)

Le Rayon vous propose de partir à la rencontre des passioné·e·s qui font vivre le disque en Nouvelle-Aquitaine. Entre circuit-court, développement de projets artistiques locaux et promotion des talents de la région, on prend le café avec les pros du microsillon. Aujourd’hui, spotlight sur les activités de La Petite Populaire et d’un de ses fondateurs et chargé de développement David Lespes.

Salut David, pour commencer est-ce que tu veux bien nous dire avec tes mots ce qu’est ta structure La Petite Populaire ?

La Petite Populaire c’est un projet collectif, qui a quatre ans maintenant, situé sur la commune rurale de La Réole, donc en Sud-Gironde. C’est un projet à vocation culturelle principalement, même si ses activité se sont vachement diversifiées. On a notamment un café associatif depuis deux ans et demi. Voilà notre activité c’est concerts, résidences, spectacles vivants, ateliers de sensibilisation… En gros !

Si on se place d’un point de vue du territoire, comment tu envisages ce lieu dans la vie de la commune ? De la communauté de communes ?

Nous sommes effectivement situés dans la communauté de communes du Réolais en Sud-Gironde. On tente de rayonner sur ce territoire là, qui rassemble une trentaine de communes. On a deux choses : un café associatif, donc un lieu identifié en centre ville de La Réole avec une vitrine sur la ville, et un projet qui est implanté un peu partout sur la communauté de commune avec cette volonté d’aller sur les territoires un peu plus isolés et vers les populations éloignés. On se situe depuis le départ comme une alternative à ce qui existe sur le territoire, où au niveau culturel il y a beaucoup de festivals, de manifestations festives. On est arrivé avec une alternative qui à notre sens manquait, en tout cas qui nous manquait à nous.

On est sur Le Rayon donc on va parler galette ! Quel est le rapport de La Petite Populaire à la musique enregistrée ? Ça occupe quelle place dans votre activité ?

Alors la place de la musique en général, live ou enregistrée, est assez prégnante dans l’asso. On est axé sur la diffusion de musique live accompagnée, dans un schéma classique, de sorties d’albums et autres projets [de disques ndlr]. Ensuite, la place de la musique enregistrée dans l’asso est très importante. Dans le café associatif ouvert au public, on diffuse de la musique et à 100 % sur vinyle. Ça a une place quasiment essentielle dans les journées du café. On fait aussi point de vente. On a un rayon de vinyles d’occasion qui est alimenté par l’association, et on a un dépôt/vente avec le RIM. On a aussi quelques dépôts de labels locaux pas forcément affiliés au RIM.

Pour revenir sur cette notion d’endroit, comment tu définirais un lieu culturel ?

C’est une question assez large (rires). Pour nous un lieu culturel, on l’identifie à notre café qui est un café culturel, c’est-à-dire pas forcément un lieu de diffusion proprement dit. Pour la diffusion on va aller directement sur le territoire. En revanche, on se considère café culturel dans la mesure où on veut y provoquer des rencontres, du partage pour lesquels la culture est un excellent prétexte. Cela passe par la diffusion de musique, le dépôt de disques et tout ce qu’on essaie de transmettre ou de véhiculer qui a une forte orientation culturelle. On se situe comme un lieu culturel dans le sens où ça fait partie des discussions, des débats, des projets des gens qui viennent fréquenter le lieu.

Au niveau artistique, même si en ce moment c’est un peu compliqué on va essayer de rester positif, comment tu vois les relations avec les artistes qui se produisent chez toi, dont potentiellement tu vends les productions ? C’est quoi la nature de vos relations ?

On essaie d’être un espace de diffusion et d’expression alternatif dans le sens où on est sur un territoire particulier. On est en milieu rural, on a pas de SMAC (scène de musiques actuelles, label attribué depuis 1998 aux structures porteuses d’un projet artistique et culturel d’intérêt général dans le champ des musiques actuelles ndlr), pas de lieux qui soient dédiés donc on joue avec le milieu, on joue avec les ambiances et l’idée c’est de proposer aux artistes qu’on reçoit des conditions un peu particulières.

Pour les artistes qui tournent, on essaie de jouer sur le fait que c’est un peu atypique et que ça leur change leur quotidien et, inversement, pour les artistes plus amateurs ou plus confidentiels, c’est aussi leur proposer des conditions professionnelles. On ne travaille qu’avec des gens qualifiés pour l’appui technique. L’idée c’est de détourner ce schéma de salle classique, qui est très bien au demeurant, mais de le faire à notre façon avec le côté le plus humain possible. Le rapport qu’on a avec les artistes, c’est donc vraiment de les accueillir sur un temps ponctuel et défini d’une façon qui, si elle n’est pas forcément « originale », s’attache au côté humain.

« Accueillir les artistes d’une façon qui s’attache au côté humain »

La dynamique actuelle, notamment en musique, semble plutôt la numérisation. Tu portes quel regard là-dessus, sur le mouvement qui va vers le tout numérique, que ce soit dans la production ou dans la manière dont les gens entrent en contact avec la culture aujourd’hui ?

Je ne vois pas forcément ça d’un mauvais œil. On n’est pas forcément à 100 % dans ce mouvement là et dans ce travail là. Pas encore en tout cas. On a produit des choses sur le web pendant le confinement notamment. Des créations sonores entre autres. On reste quand même attiré par le live et le rapport physique aux choses. C’est peut-être une question de génération. À titre personnel, je considère qu’un concert ne se vit pas de la même façon en live que sur le web. En revanche ça peut être complètement complémentaire. Des propositions sur tout ce qui est numérique par rapport à la diffusion musicale peuvent être un super complément. Je ne verrais toutefois pas l’un sans l’autre. Ça a aussi de beaux jours devant soi. Avec les conditions et le contexte qu’on connaît, j’imagine qu’il y a des gens et des initiatives tournés vers le numérique pour offrir des choses un peu moins froides. C’est un truc qui revient souvent sur des diffusions via un écran. Mais je reste plutôt positif là dessus. Le live et le côté direct, humain, ça restera. La convivialité c’est quelque chose qui restera. Je pense que le numérique tend vers ça aussi. Je suis plutôt optimiste sur le fait que ça se développe de façon un peu moins froide. Il y a très probablement une question de génération au final.

On parle de concerts en livestream tels qu’ils ont essaimé sur Internet depuis le premier confinement, est-ce que tu aurais une idée un peu plus précise d’un dispositif qui permette de rendre la retransmission sur Internet moins froide, plus humaine ?

Comme beaucoup de petites structures, on a expérimenté à notre niveau en essayant de travailler sur des projets malgré le contexte actuel, en association avec d’autres structures. On a développé des choses qui ne sont pas nécessairement très originales. Par exemple, le confinement nous a orienté sur un projet qui s’appelle Radio Song, qui consiste en un artiste qu’on invite dans un lieu particulier, qu’on capte en vidéo, qu’on capte en radio, avec une petite interview et un tout petit public. On a fait Michel Cloup en juillet et on est censé faire French Cowboy très bientôt. L’idée c’est d’avoir un tout petit public, d’avoir un montage vidéo de qualité après-coup et d’avoir un montage radiophonique, avec du live entrecoupé d’interviews. Rien d’absolument original, par contre ça nous a mis sur ce terrain là qu’on aurait peut-être pas expérimenté s’il n’y avait pas eu ce contexte là.

Et tu vois ce genre de projet se pérenniser, même après un espéré « retour à la normale » du secteur culturel ? C’est quelque chose qui vous attire ?

Oui ! En fait c’est une idée qu’on avait eu avant même le confinement, ça nous a fourni un moment tout indiqué pour le faire. Donc oui c’est quelque chose qui est censé se faire et même se faire régulièrement. Pour le moment on jongle un peu avec les protocoles sanitaires depuis quelques mois donc c’est pas très régulier. Ça tend à le devenir.

Est-ce que tu aurais un conseil d’expert pour les amateurs de disque de la région ? Est-ce qu’il y a une sortie qui t’a marqué ces derniers temps ?

Sur les disques d’artistes régionaux je penserais à Blackbird Hill, album qui est sorti juste avant le premier confinement donc pas de chance, en plein dans le mille ! Pas de bol, mais c’est un disque qui vaut le coup d’être écouté, réécouté et surtout de vivre malgré sa malchance de ne pas avoir être pu mis sous la lumière cette année. Plus largement, dans les artistes nationaux il y a Thousands qui est chez Talitres dont le dernier album sorti en juin qui est magnifique. Et pour les plus anciens (ou peut-être pas!) la réédition par Vicious Circle de Chokebore, album qui s’appelle A Taste For Bitters. Voilà mes coups de coeur des labels du RIM !

On est pile poil dans le thème, merci beaucoup David et à bientôt sur La Réole !