INTERVIEW • Ophélie • Manageuse, productrice, bookeuse

Ophélie, co-fondatrice et coordinatrice de Lagon Noir

Le Rayon te propose de partir à la rencontre des passioné·e·s qui font vivre la musique en Nouvelle-Aquitaine. Entre circuit-court, développement de projets artistiques locaux et promotion des talents de la région, on t’invite à prendre le café avec les pros du microsillon.

Aujourd’hui Le Rayon te présente Ophélie, co-fondatrice et coordinatrice de Lagon Noir, une structure qui accompagne les artistes dans le développement de leur carrière et de leur projet artistique.

Salut Ophélie, pour commencer, pourrais-tu définir ce qu’est Lagon Noir ?

Lagon Noir c’est une structure qui accompagne des artistes, tant sur le plan de la production et de la diffusion de concerts, que (plus ponctuellement) sur le plan de la production et de l’édition phonographique.

Tu travailles donc directement aux côtés des artistes… quel est l’élément principal qui guide ta recherche de projets?

Tous les artistes de Lagon ont intégré la structure parce qu’il y a eu un coup de cœur sur le live. Pour moi c’est vraiment le concert qui est primordial, c’est-à-dire que j’ai du mal à envisager d’accompagner un groupe que je n’ai jamais vu sur scène. Et puis, évidemment, il y a la question de l’esthétique qui entre en compte, parce que je fais attention à ce que ce soit assez cohérent, mais en même temps je ne suis jamais à l’abri d’une surprise dans un registre musical un peu inattendu, ça arrive aussi.

Très concrètement comment tu procèdes ?

Il y a des artistes que je connaissais avant la création de Lagon Noir, avec qui j’avais déjà eu des échanges en travaillant dans des festivals où je les ai accueillis (j’ai fait pas mal d’accueil artiste avant de monter ce projet) : comme les Sweat Like An Ape ou les Blackbird Hill.

Ces groupes m’ont suivie au moment de la création. D’ailleurs ils faisaient partie des premiers artistes. Ensuite, il y a des artistes que je connaissais aussi parce que je les croisais souvent. C’est un petit réseau finalement, on se connaît tous. Il y en a que je connaissais, avec qui je ne pensais pas forcément avoir l’occasion de travailler un jour et puis l’opportunité s’est présentée : je pense à I Am Stramgram par exemple.

Les artistes qui ne sont pas en Nouvelle-Aquitaine, je les ai découverts en allant à des concerts avec des artistes de Lagon Noir ou à titre personnel. Par exemple pour le groupe The Swinging Dice qui se trouve dans la campagne au nord de Paris, la rencontre s’est faite lorsque j’accompagnais Blackbird Hill au festival Celebration Days. The Swinging Dice y jouait, faisaient aussi partie de l’orga du festival et ils ont apprécié Blackbird Hill. Par la suite ils leur ont écrit « voilà, on a regardé un peu ce que vous faîtes et on a vu qu’il y avait quelqu’un qui vous aidait, etc ». La discussion s’est enclenchée entre eux et c’était assez marrant parce que de notre côté aussi, on a tous eu un coup de coeur pour leur groupe, moi j’avais vraiment flashé. En fait, il y a eu ce coup de coeur mutuel entre les deux groupes qui a aussi créé une occasion pour moi.

Une vraie synergie quoi !

Ouais carrément ! C’est cool quand ça se passe comme ça !

Pour parler un peu phono, quels sont pour toi les éléments qui font la réussite d’un disque ?

Alors c’est pas évident parce que je ne pense pas qu’il y ait de recette spéciale. On voit bien que parfois tu as une recette qui va fonctionner avec un artiste et qui ne va pas du tout fonctionner avec un autre. Il n’y a pas tellement de règle.

Ça signifie quoi pour toi d’appliquer une recette dans la production d’un disque ?

En ce qui me concerne et en ce qui concerne mes goûts, pour qu’un disque soit réussi, il faut que l’artiste ait trouvé un équilibre entre une qualité de son, une qualité dans l’écriture (des textes et de la musique), et en plus qu’il ait réussi à apporter un brin de folie ou d’originalité, quelque chose qui va le rendre singulier et qui fera que sa proposition sortira un peu du « lot ».

Donc il faut que ça déborde …

Quelque part ouais. J’aime bien aussi les artistes qui assument leurs influences et qui vont même les exacerber à fond.

Si on change de focale et qu’on se met du point de vue de l’auditeur, dans la recherche musicale, quelles sont les qualités d’un parfait digger ?

Pour moi c’est le ou la curieux·se par excellence, qui va pas avoir peur d’écouter des kilomètres de son et de fouiller pendant des heures dans les bacs pour trouver la petite pépite ou pour revenir te dire « j’ai découvert un groupe de hip-hop palestinien ou un groupe de rock khmer », un truc improbable quoi. Et puis autre point important à mon sens, c’est quelqu’un qui va favoriser le circuit-court et les emplettes responsables, qui va aller se servir chez son disquaire, qu’il connaît, avec qui il a des échanges humains et évidemment qui ne va pas se rendre chez les « supermarchés de la culture ». Et puis même sur le numérique, quelqu’un qui va plutôt aller fouiller sur Bandcamp que sur Spotify.

Le développement artistique local est quelque chose qui t’anime manifestement, comment ça se traduit ?

« pour bien travailler j’ai besoin de lien. Nos métiers sont basés sur l’humain »

Avant qu’elle arrive sous les feux de la rampe, je m’étais pas vraiment posé cette question directement. Je me suis plutôt rendue compte que mes actions étaient inconsciemment tournées vers le local. Sur 9 artistes de Lagon Noir, seulement 3 ne sont pas basés en Nouvelle-Aquitaine. Ces 3 là sont quand même français donc on reste quand même sur du circuit-court. Je crois que la raison principale à ça, c’est que pour bien travailler j’ai besoin de lien. Nos métiers sont basés sur l’humain, chose qu’on a parfois un peu tendance à oublier malheureusement.

Je me vois mal travailler des projets avec des artistes ou des professionnels de leur entourage que je ne verrais jamais. Je l’ai déjà fait, j’ai travaillé pour un tourneur un peu plus gros à une époque, et ça m’a découragée de n’être quasiment jamais au contact des gens avec lesquels je travaillais au niveau artistique et j’ai pas vraiment tissé de liens avec eux, tout passait par mail ou par téléphone. Je trouvais ça un peu triste. Donc c’est une des raison principales, j’ai besoin d’être au contact des gens que je défends.

Et je pense qu’on a la chance d’avoir un vrai foyer de création sur notre territoire. Donc j’ai envie de le valoriser. Et je ne vois pas trop pourquoi j’irais chercher en Chine un truc qu’on fait très bien à côté de chez moi.

Ça rejoint ce que tu disais tout à l’heure, les histoires de rencontres que tu peux tisser dans ce métier…

Exactement, l’humain avant tout !

Le contexte général du secteur culturel est très porté sur le numérique, mouvement qui ne date pas que des derniers mois très particuliers, la numérisation date déjà de plusieurs années. Tu portes quel regard là-dessus ?

« je trouve que la culture a besoin d’un écosystème de liens entre les auteurs, les producteurs, les distributeurs et le public ».

Je suis assez partagée. D’une part, je trouve que la numérisation de la culture a quand même un rôle intéressant dans l’accès à la culture pour le plus grand nombre, parce que grâce à ça tu peux vivre à Berlin et visiter virtuellement un musée, écouter un petit artiste ou lire un auteur qui sont à l’autre bout du monde. Ça c’est le côté progrès. Et puis aussi pour les personnes qui n’ont pas forcément les moyens. Tout ça a quand même un coût. Donc je trouve que la numérisation a permis cet accès à des contenus auxquels certains n’avaient pas forcément accès jusque là, ou en tout cas pas si facilement.

En parallèle, contrairement aux produits de la consommation courante, je trouve que la culture a besoin d’un écosystème de liens entre les auteurs, les producteurs, les distributeurs et le public. Et ça, avec Internet, ça a tendance à beaucoup nous échapper. C’est là que le danger se trouve. Il y a une sorte de dépendance qui s’est créée. La numérisation pour nous, professionnels du spectacle, est devenue nécessaire pour exister. Quand on voit évoluer la pratique des consommateurs, finalement c’est devenu un peu la base pour nous pour se développer économiquement et pour exister auprès d’eux. Ça, je le déplore parce que je préfère être au contact du public, au contact physique, les rencontrer à la fin des concerts, discuter, les voir applaudir, plutôt que de passer ma journée à « communiquer » assise derrière mon écran d’ordi. Je trouve que les limites sont là.

Quand tu commences à t’intéresser aux chiffres plus qu’au ressenti des gens, ça peut pervertir le rapport au public, aboutir à une conception de l’action culturelle de moins en moins séparée de celle du commercial ou du marketeur classique…

Totalement…
Et puisqu’on parle de chiffres, je me suis intéressée à la fréquentation des salles de concert et je trouve ça dommage de lire que les moins de 20 ans n’y mettent plus les pieds car ils préfèrent regarder des « artistes » sur YouTube. Je trouve qu’on perd certains essentiels et c’est là que pour moi on atteint la limite.

Donc le numérique est un outil formidable mais attention…

Tout est une question d’usage. Si t’en fais bon usage, un usage intelligent… Je vais pas faire de la langue de bois, moi aussi j’utilise Deezer, Spotify ou YouTube. Mais à côté de ça, quand il y a un artiste sur qui je flashe, je vais lui acheter un disque. Je sais que ses revenus sont plus probants là qu’avec mes écoutes sur les plateformes donc tout est question d’équilibre et tout est question de la façon de consommer en fin de compte. Ça rejoint un peu ce que j’ai dit jusque là.

Pour revenir sur le côté humain : comment traduirais-tu en mots le rapport avec les artistes que tu produis ?

Souvent en plus d’un coup de coeur artistique, il y a un coup de coeur humain. Je suis contente de travailler avec des gens chouettes. Ça m’est arrivé d’apprécier des artistes sur scène mais que le courant ne passe pas du tout humainement par après. J’ai un rapport particulier avec tous les artistes qui sont chez Lagon Noir. Certains sont assez autonomes et moi je suis là en renfort sur des points clés, comme aller chercher des partenaires professionnels pour sortir un disque ou bien un attaché de presse… Donc un rôle plutôt de pivot. À côté de ça il y en a qui vont me solliciter tous les jours, qui ont besoin d’avoir un avis extérieur au leur pour quasiment toutes leurs décisions. Tout ça, c’est ce que j’apprécie dans mon travail, c’est que je ne fais jamais la même chose de la même façon. Ça varie vraiment en fonction des artistes dont il sera question.

Quels sont les projets sur le feu chez Lagon Noir ?

Nous avons plein de projets pour 2021/2022, ça se bouscule ! Pénélope sort son premier album le 8 octobre là.

Il y a Steve Amber qui vient d’annoncer la sortie d’un premier album en mars-avril 2022. Et il y a S.B.R.B.S, qui fait depuis quelques temps des sorties au titre par titre et qui va enfin sortir un album également en 2022 (un premier single devrait sortir courant novembre).
Blackbird Hill est en train de préparer son deuxième album. Pour eux ça a été dur car le premier est sorti mi-février 2020, il eu un petit écho intéressant côté médias et publics. Ils ont eu de chouettes chroniques etc.

On a pu faire une belle release party au Krakatoa. Et là tout s’est arrêté alors qu’il y avait une trentaine de dates qui était prévues, avec un peu d’étranger et tout donc on s’est fait couper l’herbe sous les pieds. Mais c’est pas grave, ils remontent en selle ! On va recommencer (rires).

Et puis enfin la petite nouveauté c’est qu’on a co-produit un spectacle pour le jeune public avec Arema Rock&Chanson. Il s’appelle Léa et la boîte à colère et il s’adresse aux enfants de 4 à 7 ans. Je suis ravie d’avoir cette nouveauté 🙂

On garde la motiv, c’est un message important !

Carrément !

sortie promo pénélope le rayon du rim
lagon-noir-le-rayon-du-rim
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INTERVIEW • Monsieur Le Rayon

Manu, chargé de la promotion et de la distribution des disques Le Rayon

Emmanuel est la figure de proue du Rayon. C’est lui qui centralise les disques produits par les labels néo-aquitains et les distribue dans nos points de vente partenaires. Au volant de son van et son bac à disques sous le bras, il parcourt la région pour rencontrer celles et ceux qui font vivre la musique indépendante, et déposer près de chez vous toutes leurs pépites sonores.

Pour le rencontrer, devenir partenaire Le Rayon ou juste lui envoyer un mot doux : emmanuel . castel @ le – rim . org

FOCUS • 3 minutes avec les professionnels de la musique

3 MINUTES AVEC …

les interviews de PAMA x Ville de Pessac

La série de vidéos « 3 minutes avec » a pour but de faire découvrir des métiers en lien
avec le monde de la musique au travers d’interviews de professionnel/les de ce milieu.

INTERVIEW • David • Fondateur de La Petite Populaire

LA PETITE POPULAIRE
nous offre le café (culturel)

Le Rayon vous propose de partir à la rencontre des passioné·e·s qui font vivre le disque en Nouvelle-Aquitaine. Entre circuit-court, développement de projets artistiques locaux et promotion des talents de la région, on prend le café avec les pros du microsillon. Aujourd’hui, spotlight sur les activités de La Petite Populaire et d’un de ses fondateurs et chargé de développement David Lespes.

Salut David, pour commencer est-ce que tu veux bien nous dire avec tes mots ce qu’est ta structure La Petite Populaire ?

La Petite Populaire c’est un projet collectif, qui a quatre ans maintenant, situé sur la commune rurale de La Réole, donc en Sud-Gironde. C’est un projet à vocation culturelle principalement, même si ses activité se sont vachement diversifiées. On a notamment un café associatif depuis deux ans et demi. Voilà notre activité c’est concerts, résidences, spectacles vivants, ateliers de sensibilisation… En gros !

Si on se place d’un point de vue du territoire, comment tu envisages ce lieu dans la vie de la commune ? De la communauté de communes ?

Nous sommes effectivement situés dans la communauté de communes du Réolais en Sud-Gironde. On tente de rayonner sur ce territoire là, qui rassemble une trentaine de communes. On a deux choses : un café associatif, donc un lieu identifié en centre ville de La Réole avec une vitrine sur la ville, et un projet qui est implanté un peu partout sur la communauté de commune avec cette volonté d’aller sur les territoires un peu plus isolés et vers les populations éloignés. On se situe depuis le départ comme une alternative à ce qui existe sur le territoire, où au niveau culturel il y a beaucoup de festivals, de manifestations festives. On est arrivé avec une alternative qui à notre sens manquait, en tout cas qui nous manquait à nous.

On est sur Le Rayon donc on va parler galette ! Quel est le rapport de La Petite Populaire à la musique enregistrée ? Ça occupe quelle place dans votre activité ?

Alors la place de la musique en général, live ou enregistrée, est assez prégnante dans l’asso. On est axé sur la diffusion de musique live accompagnée, dans un schéma classique, de sorties d’albums et autres projets [de disques ndlr]. Ensuite, la place de la musique enregistrée dans l’asso est très importante. Dans le café associatif ouvert au public, on diffuse de la musique et à 100 % sur vinyle. Ça a une place quasiment essentielle dans les journées du café. On fait aussi point de vente. On a un rayon de vinyles d’occasion qui est alimenté par l’association, et on a un dépôt/vente avec le RIM. On a aussi quelques dépôts de labels locaux pas forcément affiliés au RIM.

Pour revenir sur cette notion d’endroit, comment tu définirais un lieu culturel ?

C’est une question assez large (rires). Pour nous un lieu culturel, on l’identifie à notre café qui est un café culturel, c’est-à-dire pas forcément un lieu de diffusion proprement dit. Pour la diffusion on va aller directement sur le territoire. En revanche, on se considère café culturel dans la mesure où on veut y provoquer des rencontres, du partage pour lesquels la culture est un excellent prétexte. Cela passe par la diffusion de musique, le dépôt de disques et tout ce qu’on essaie de transmettre ou de véhiculer qui a une forte orientation culturelle. On se situe comme un lieu culturel dans le sens où ça fait partie des discussions, des débats, des projets des gens qui viennent fréquenter le lieu.

Au niveau artistique, même si en ce moment c’est un peu compliqué on va essayer de rester positif, comment tu vois les relations avec les artistes qui se produisent chez toi, dont potentiellement tu vends les productions ? C’est quoi la nature de vos relations ?

On essaie d’être un espace de diffusion et d’expression alternatif dans le sens où on est sur un territoire particulier. On est en milieu rural, on a pas de SMAC (scène de musiques actuelles, label attribué depuis 1998 aux structures porteuses d’un projet artistique et culturel d’intérêt général dans le champ des musiques actuelles ndlr), pas de lieux qui soient dédiés donc on joue avec le milieu, on joue avec les ambiances et l’idée c’est de proposer aux artistes qu’on reçoit des conditions un peu particulières.

Pour les artistes qui tournent, on essaie de jouer sur le fait que c’est un peu atypique et que ça leur change leur quotidien et, inversement, pour les artistes plus amateurs ou plus confidentiels, c’est aussi leur proposer des conditions professionnelles. On ne travaille qu’avec des gens qualifiés pour l’appui technique. L’idée c’est de détourner ce schéma de salle classique, qui est très bien au demeurant, mais de le faire à notre façon avec le côté le plus humain possible. Le rapport qu’on a avec les artistes, c’est donc vraiment de les accueillir sur un temps ponctuel et défini d’une façon qui, si elle n’est pas forcément « originale », s’attache au côté humain.

« Accueillir les artistes d’une façon qui s’attache au côté humain »

La dynamique actuelle, notamment en musique, semble plutôt la numérisation. Tu portes quel regard là-dessus, sur le mouvement qui va vers le tout numérique, que ce soit dans la production ou dans la manière dont les gens entrent en contact avec la culture aujourd’hui ?

Je ne vois pas forcément ça d’un mauvais œil. On n’est pas forcément à 100 % dans ce mouvement là et dans ce travail là. Pas encore en tout cas. On a produit des choses sur le web pendant le confinement notamment. Des créations sonores entre autres. On reste quand même attiré par le live et le rapport physique aux choses. C’est peut-être une question de génération. À titre personnel, je considère qu’un concert ne se vit pas de la même façon en live que sur le web. En revanche ça peut être complètement complémentaire. Des propositions sur tout ce qui est numérique par rapport à la diffusion musicale peuvent être un super complément. Je ne verrais toutefois pas l’un sans l’autre. Ça a aussi de beaux jours devant soi. Avec les conditions et le contexte qu’on connaît, j’imagine qu’il y a des gens et des initiatives tournés vers le numérique pour offrir des choses un peu moins froides. C’est un truc qui revient souvent sur des diffusions via un écran. Mais je reste plutôt positif là dessus. Le live et le côté direct, humain, ça restera. La convivialité c’est quelque chose qui restera. Je pense que le numérique tend vers ça aussi. Je suis plutôt optimiste sur le fait que ça se développe de façon un peu moins froide. Il y a très probablement une question de génération au final.

On parle de concerts en livestream tels qu’ils ont essaimé sur Internet depuis le premier confinement, est-ce que tu aurais une idée un peu plus précise d’un dispositif qui permette de rendre la retransmission sur Internet moins froide, plus humaine ?

Comme beaucoup de petites structures, on a expérimenté à notre niveau en essayant de travailler sur des projets malgré le contexte actuel, en association avec d’autres structures. On a développé des choses qui ne sont pas nécessairement très originales. Par exemple, le confinement nous a orienté sur un projet qui s’appelle Radio Song, qui consiste en un artiste qu’on invite dans un lieu particulier, qu’on capte en vidéo, qu’on capte en radio, avec une petite interview et un tout petit public. On a fait Michel Cloup en juillet et on est censé faire French Cowboy très bientôt. L’idée c’est d’avoir un tout petit public, d’avoir un montage vidéo de qualité après-coup et d’avoir un montage radiophonique, avec du live entrecoupé d’interviews. Rien d’absolument original, par contre ça nous a mis sur ce terrain là qu’on aurait peut-être pas expérimenté s’il n’y avait pas eu ce contexte là.

Et tu vois ce genre de projet se pérenniser, même après un espéré « retour à la normale » du secteur culturel ? C’est quelque chose qui vous attire ?

Oui ! En fait c’est une idée qu’on avait eu avant même le confinement, ça nous a fourni un moment tout indiqué pour le faire. Donc oui c’est quelque chose qui est censé se faire et même se faire régulièrement. Pour le moment on jongle un peu avec les protocoles sanitaires depuis quelques mois donc c’est pas très régulier. Ça tend à le devenir.

Est-ce que tu aurais un conseil d’expert pour les amateurs de disque de la région ? Est-ce qu’il y a une sortie qui t’a marqué ces derniers temps ?

Sur les disques d’artistes régionaux je penserais à Blackbird Hill, album qui est sorti juste avant le premier confinement donc pas de chance, en plein dans le mille ! Pas de bol, mais c’est un disque qui vaut le coup d’être écouté, réécouté et surtout de vivre malgré sa malchance de ne pas avoir être pu mis sous la lumière cette année. Plus largement, dans les artistes nationaux il y a Thousands qui est chez Talitres dont le dernier album sorti en juin qui est magnifique. Et pour les plus anciens (ou peut-être pas!) la réédition par Vicious Circle de Chokebore, album qui s’appelle A Taste For Bitters. Voilà mes coups de coeur des labels du RIM !

On est pile poil dans le thème, merci beaucoup David et à bientôt sur La Réole !