Ce disque est garanti production 100% locale en Nouvelle-Aquitaine. Retrouvez-le dans nos points de vente partenaires « Le Rayon du RIM » (disquaires, libraires…) > + d’infos ici.
Artiste : Julii Sharp
Album : Burning Line
Label : Only Lovers Records
Sortie : 24/10/2025
Genre : Folk, Rock
En 2023, Julii Sharp et son EP Toucan nous avaient laissé extatiques, dans la sérénité cotonneuse de ses apaisantes balades en apesanteur. De grandes espérances précédaient donc ce premier album, Burning Line. Et la première écoute déjoue toutes les attentes.
Entre ces deux disques, la terre a brûlé. La vie de Julii Sharp, et celle de ses musiciens, marquée par une série d’événements douloureux, s’est mise en suspens. La musique aussi, jachère inévitable. Pendant un an, tout s’est arrêté : les répétitions, l’écriture, les concerts… Il a fallu attendre, non pas que la peine passe, mais qu’elle se transforme, qu’elle fasse son périple. Et quand chacun a été prêt, le groupe s’est mis au diapason, réuni comme jamais autour d’un même objectif, celui de raviver les braises sur un champ de cendres encore chaud. Burning Line a alors pu exploser.
Dans ce jaillissement, pas de mot d’ordre si ce n’est de suivre l’instinct du groupe, qui était aussi celui de la survie. L’album a été enregistré en live, par Olivier Cussac, dans une urgence qui traversait chacun des membres. Cette incandescence se fait tout de suite entendre à l’instar du morceau d’ouverture où les déflagrations électriques prennent rapidement leur place et annoncent la couleur étincelante d’une longue effusion cathartique. Elles ponctueront tout l’album de leur énergie brute, jouant souvent du contraste avec la douceur cristalline de la voix. Là où Toucan avait les attributs d’un disque en solo, Burning Line n’est plus le premier album d’une chanteuse, mais celui d’une formation, en totale cohésion autour d’elle. Chaque musicien y investit l’espace sonore comme un exutoire, comme un sanctuaire protégé où plus rien ne peut l’atteindre.
Si l’album a surgi dans un contexte d’une douleur impossible, il frappe d’abord par son énergie, viscérale, une fougue communicative. Comme s’il devait conjurer la mort. Et il sait aussi laisser passer franchement la lumière à travers des titres où la légèreté prend le pas, dans les textes (Paris, et ses doux arpèges acoustiques, évoquant une éphémère rencontre amoureuse) comme dans la musique (la céleste "Rainbow" dont la montée s’envole jusqu’aux nuages et semble capable de déplacer des ressources insoupçonnables d'espoir). Sans dessein ni stratégie, l’album fait table rase du français au profit de textes uniquement en anglais, qui convoquent les fantômes du passé ("Pirate in the Room", "Boots You Once Wore") tout en revendiquant une nécessaire renaissance ("Chrysalis", emblématique brûlot rock). Celle de la vie à venir ou de la musique qui se crée. L’album s’écoute alors comme un cri, qui s’adresse peut-être d’abord à toutes les personnes qui ne pourront pas l’entendre. Et s’il déjoue toutes les attentes, c’est pour mieux les transcender.